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Ce texte publié l'an dernier est passé inaperçu.Je lui donne une seconde chance pour pallier à mon absence.Je le dédie à celles et ceux qui s'étonneraient de mon silence.P.S: pour ne pas "faire trop feignasse"j'ai rajouté un couplet.
Chère Kriss,
J'ai vu Jeff ( et une occasion de t'écrire):
j'aperçois un patineur maladroit sur ma route cherchant refuge entre deux voitures stationnées.
Je ralenti, clignote, déboîte et arrivant à sa hauteur, le mec sous le bonnet de laine, c'est Jeff, pas celui de Brel, le nôtre.
Étonné car l'ayant connu plus adroit, il semble avoir reçu ses rollers à noël, je lui demande ce qu'il fait là:
"je viens d'échapper à une voiture tueuse" dit-il effrayé, ébouriffé comme s'il sortait de la cage d'un tigre, et il enchaîne. Blablablablablabla. Je le coupe:
-"t'as des news de Kriss?"
Parce que quand je le vois, je pense à toi.
Foudroyé en plein élan verbeux, les yeux soudain fixe, cash, il me dit: " ha! celle là, qu'est-ce quelle était bonne! j'aurai aimé me la faire!" ( et vlan! dix lectrices perdues. Salut les filles , adieu madame!)
Surpris de l'effet produit par l'évocation de ton prénom, j'entends une voix répondre:
-"moi aussi
Pardon! cette voix est la mienne.
Sans doute par solidarité de mâles désoeuvrés. A toi qui mérite mieux que cette double muflerie, je pense à la scène finale du "Nikita" de Besson.
Celle ou Tchèky Kario et J.L Anglade vivent dans le parfum disparu d'Anne Parillau.
Ou celle de "César et Rosalie" lorsque Montand et Sami Frey, amis d'avoir été rivaux, dans celui de Romy.
Romy:
-Dans ses yeux les reflets de "la piscine", la joie de "Mado", l'ironie émancipée de "La banquière", la peine de "La passante du sans-soucis"la générosité insouciante dans "Max et les ferrailleurs".
La scène:
-Elle revient, partie de n'avoir pu choisir l'un des ces deux amants, d'une absence longue, un combat inutile et contre nature.
Trois âmes déchirées.
Deux solitudes nostalgiques déjeunent ensembles.
La troisième pousse la porte du jardin.
Les deux lèvent la tête!
Montand l'aperçoit le premier et s'interrompt.
Samy se fixe à son tour.
On ignore s'ils sont chez l'un ou l'autre, et si elle revient vers Yves ou Sam.
Alors, Samy (il sait, lui) léve la tête vers son ami, comprend, accepte, souris.
Nous aussi!
La beauté triste de Sam, son acceptation du choix de Romy, la surprise heureuse de Montand, le sourire mutin de l'actrice "capté" par le talent de Sautet donnent à la vague de l'émotion, la dimension d'un tsunami et au "tourbillon de la vie, la puissance du Maelstrom!
Pas d'angoisse Sam, espère.
Elle a peut-être vu: "Jules et Jim!"
Salut, Kriss et bon vent à toi!