A plat

Publié le 01 mars 2009 par Jlhuss

Vous prenez un petit malaise sociétal, vous le faites fouetter en neige par tel ou tel marmiton de la discorde, vous en nappez une sorte de pièce montée où le  communiant tout en haut n’attend que le premier coup de fourchette pour cracher sa gerbe d’étincelles, lui-même incomestible et pas plus religieux que le livreur ou les trois quarts des convives. C’est beau, c’est festif, vous avez ce qu’on appelle « une fête de famille » ; d’autres disent « un mouvement social ».

Une fois bouffé le gâteau, le souhait de la joyeuse assemblée est souvent de « tout remettre à plat ». Par exemple : « Tout remettre à plat en Guadeloupe », ce qu’à Dieu ne plaise, quand on sait la montée du niveau des mers… Dans l’université aussi on exige « une remise à plat », ce qui étonne assez : à voir notre rang mondial en ce domaine, on pensait que c’était fait.

La remise à plat de Sarko réjouirait du monde, et c’est en cours : sa cote tombe, mais moins que ses cernes, désormais plus bas que les commissures, avec dans son œil de cocker triste le vague regret de ne pas avoir réfléchi davantage « le matin en se rasant ».

Après deux mandats plan plan, Chirac était parti « à plat », mais la nostalgie est toujours ce qu’elle était : bébête,  et voilà not’ Chichi qui monte, qui monte : 70% d’opinions favorables, sans comptabiliser les vaches ! Il n’y a plus que son chien pour le mordre.

Je sens poindre -syndrome de « l’Autrichienne » ?- une demande de remise à plat de Carla Bruni : pour son brin de voix, ce sera facile ; pour sa plastique, ce serait dommage. Et Ségolène ? Pas facile, même pour les éléphants, d’aplatir une « femme debout ».

Toute remise à plat se fait rituellement à une « table de négociation », où sont conviés autour du ministre réformateur tous les zélateurs du changement. Peu importe l’aspérité qu’on y écrase, ce qui compte c’est le dialogue, avec les concessions mutuelles indispensables au statu quo.

Car chacun comprend bien que l’exigence de remise à plat cache en France le refus de bouger d’un pouce. La refonte des collectivités locales risque de vérifier bientôt cette médisance. Trop heureux si nous n’en sortons pas avec une couche de plus. Tiens, je suggère l’échelon de « l’interrégionalité », qui, à grand coût de nouveaux élus, permettrait par exemple d’aplanir le doute identitaire de la Haute Normandie, ou de planifier les échanges de la grisounette Picardie et de la radieuse Paca. 2014 : premier Hôtel de l’Interrégionalité, élevé de préférence en rase campagne pour enrayer l’exode rural, mais desservi bien sûr par le TGV. La trouvaille faisant tache d’huile, on espère à terme une vingtaine d’Hôtels aux champs, soit à l’horizon 2020 quelque 1500 nouveaux postes de fonctionnaires. Tout ce qui peut favoriser l’emploi, la démocratie locale et l’aménagement du territoire va dans le bon sens.

2028, retour inopiné de la gauche. La parcellisation du territoire ayant montré des archaïsmes et soulevé l’ire du personnel interrégional, pléthorique, smicard et cafardeux, le Président Besancenot annonce, en son âme et conscience et au 20 heures, après une nuit blanche à la table de négociation et bravant le  risque de s’aliéner la gauche extrême et Sud-navette, sa décision de tout remettre à plat.

Arion

[NDLR : Jacques Chirac sera cet après-midi et ce soir chez Drucker, Comme Besancenot il y a peu !]

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