Lors du périple aux Tuamotu, j’avais remarqué dans le centre des atoll des fosses de formes allongées, remplies de détritus. Leur forme caractéristique devait avoir une signification, mais les gens de l’atoll n’avaient pas pu m’apporter d’explication.
C’étaient des fosses à taro !
Les anciens Polynésiens avaient colonisé les Tuamotu. Pour se nourrir, eux et leur famille avaient creusé des fosses à culture pour aller chercher la lentille d’eau partout présente aux Tuamotu. Cette lentille d’eau douce flotte au-dessus de l’eau salée, en équilibre eustatique. Ils remplissaient ces fosses d’une sorte de compost et y plantaient les tubercules. Patrimoine archéologique certes mais encore aurait-il fallu se dépêcher d’explorer les lieux pour y trouver des traces de vie, des outils, déterminer ainsi l’importance de la population à l’époque ! Les fosses étaient creusées à l’aide de ‘bêches’ en nacre, de coquilles de bénitiers.
Les cocotiers ont remplacé les taro.
Il était facile d’utiliser ces fosses comme dépotoir. Il est certainement trop tard pour faire les relevés de ces fosses pour l’histoire de la Polynésie. De plus, ces décharges sauvages fragilisent la lentille d’eau, seule réserve aqueuse de l’atoll. Même si maintenant les Paumotu utilisent l’eau de pluie recueillie dans ces grandes citernes noires, l’eau est non potable et dépourvue de sels minéraux. Les métaux lourds ? Ils polluent ! Ils se dirigent de la lentille d’eau vers les eaux du lagon, sont avalés par les poissons qui se retrouvent dans l’assiette.
Messieurs les décideurs ? Comment ? Que dites-vous ?… Je n’entends pas vos réponses !
Beaucoup de ces messieurs de la Politique se targuent d’être Ma’ohi (maoris). Parfait, mais alors pourquoi ne pas soutenir les chercheurs, scientifiques, conteurs, écrivains qui tenteraient de conserver les traces de cette civilisation orale ? C’est VOTRE histoire, Messieurs les politiciens de Polynésie française !
Au dernier salon du livre, ni aide ni subvention. Pourtant, la transcription sur documents écrits de ce qui reste de cette civilisation orale serait pleine de bénéfices pour les populations présentes et à venir. Même à l’heure de l’informatique, le livre est indispensable ; surtout qu’on peut le numériser. Vous pourriez y mettre les légendes, les recettes, les secrets de fabrication, les techniques de pêche, les histoires contées par les Anciens qui s’éteignent l’un après l’autre. Mais non… Faut-il vous assister d’ethnologues venus d’ailleurs ? Peut-on croire que seuls les Occidentaux se préoccupent d’autre chose que du présent immédiat ?
Sabine