Le double langage intrinsèque du paquet-auto

Publié le 28 février 2009 par Oldchaps

La grogne de nos voisins Européens allait crescendo, peu avant le sommet Européen de dimanche, envers le plan-auto français qualifié de protectionniste par certains d'entre-eux. Le discours populiste de Sarkozy au sujet du "paquet auto" à peine digéré, le feu vert de Bruxelles était attendu avec impatience à Paris pour le lancer effectivement.

Le "plan-auto" de 7,8 milliards d'euros lancé fin janvier était destiné à améliorer la trésorerie des groupes PSA et Renault. La contrepartie de ce plan était un engagement de ces deux groupes à ne pas délocaliser la production durant l'octroi de ce prêt. Ce prêt avait eu comme conséquence de soulever une grogne Européenne sur la thématique du "protectionnisme" à la Française. Sarkozy met effectivement en place, depuis octobre 2008, des aides aux secteurs industriels menacés par la crise.

Afin de sauver le sommet Européen de demain, nous apprenons ce soir que la Commission européenne a obtenu les concessions suivantes du gouvernement français: celui-ci ne conditionne plus ses aides à la localisation des activités en France.

Les garanties sociales de ce plan sont reniées par Paris

Il ne reste donc plus que le prêt sans aucunes contreparties, les industriels du secteur n'ont donc plus aucunes contraintes vis-à-vis de leurs engagements du mois dernier envers l'état. L'état fait donc office à ce sujet de banque puisqu'il renonce à ses prérogatives régaliennes. Le paquet-auto n'est donc qu'une avance sur trésorerie.

Les industriels doivent respirer, enfin pas pour longtemps puisque PSA devra recevoir davantage d'aides d'ici à la fin de l'année. Le semblant de social qui avait été obtenu par le gouvernement sur ces deux groupes en contrepartie de ces aides n'aura donc duré trois semaines.

Le social aura donc été la variable d'ajustement lors de la négociation entre Paris et Bruxelles lors de la négociation du feu vert de l'UE au sujet de ce plan de 7.8 milliards. Don't acte. Paris a donc lâché la maigre contrainte qu'il avait su imposer aux deux constructeurs. PSA et Renault doivent se frotter les mains, puisqu'ils savent que les prochaines aides seront basées sur cette jurisprudence là.

Les vestiges du passé: la concurrence libre et non-faussée.

Les instances Européennes ont donc pleinement joué leurs rôles dans cette affaire.

En effet, il est juste que d'un point de vue Européen, une aide d'un Pays à son industrie ne dérègle pas la concurrence. Cela fait parfois mal au ventre, mais je place l'intérêt Européen à long terme comme supérieur à l'intérêt Français à court terme. In fine un emploi délocalisé en Pologne, en Irlande ou en Grèce reste un emploi Européen.

Ceci dit, il n'en va pas de même du libre échange international. En effet, à l'heure où les états injectent des centaines de milliards dans leurs industries, la concurrence libre et non-faussée entre pays et continent est devenue une vue de l'esprit en moins de six mois. Les Etats-unis sont en train de s'inspirer d'un modèle Français qui n'est plus en prenant le contrôle de la plupart des grands groupe Etasuniens. Le gouvernement Français quant à lui se situe toujours en dehors de cette sphère là contrairement à son passé assez interventionniste dans ce domaine.

L'OMC n'a pas encore pris la mesure du problème, l'UE et les USA en sont encore a batailler le bout de gras entre taxes sur les fromage Français et interdiction d'importation de viande aux hormones made in USA. Bref, ces problèmes semblent bien être des querelles de clocher au regard des litiges qui vont se poser dans tous les domaines industriels dans les années à venir.

Le paquet-auto: un ersatz du monde à venir

Ce paquet-auto porte intrinsèquement en lui un double langage: non ce n'est pas une clause de non-concurrence intra-européenne, et oui c'est une aide déguisée à l'industrie Européenne vis-à-vis des autres continents.

Un nouveau monde vient de s'ouvrir à nous, son épicentre n'est plus aux USA et encore moins en Europe. Dans cet environnement là, la France n'existera diplomatiquement qu'au sein d'une UE puissante.