Valse avec Bachir couronné aux Césars 2009

Par Manuel Picaud
L’émouvant film d’animation Valse avec Bachir de l’Israélien Ari Folman avait accumulé deux revers : ni Palme au Festival de Cannes, ni Oscar à Hollywood. Après avoir obtenu un Golden Globe à Beverly Hills en janvier, il vient de se voir couronné meilleur film étranger lors de la cérémonie des Césars ce vendredi 27 février. Rencontre avec le cinéaste, scénariste et réalisateur, lors de son récent passage à Paris.
La tournée de promotion du film Valse avec Bachir avait mal commencé à Cannes en mai dernier. Malgré d’excellentes critiques, aucune mention pour le documentaire animé réalisé sur le massacre de Sabra et Chatila au Liban en 1982. Neuf mois plus tard, la tournée vient de s’achever en fanfares au Théâtre du Châtelet à Paris pour la 34e soirée de remise des Césars, retransmise par Canal+ et animée par Antoine De Caunes. L’avant-veille, Ari Folman rencontrait la presse dans les locaux d’Arte, fier coproducteur de ce film d’exception. Auracan.com, en l'occurence votre serviteur, était présent.
Avec un brin d’humour, Ari Folman commençait par remercier la nation française qui lui a montré comment être « un bon perdant » à Cannes où il n’a pas été primé. Et même d’ajouter : « fort de cet apprentissage, j’ai pu m’en servir dimanche aux Oscars ; il y avait ce sentiment de ‘déjà vu’ et cela s’est bien passé ! […] Tout le monde pensait que le film ferait des miracles, mais non ! Cela dit, cela n’a pas beaucoup changé ma vie, ni celle du film. C’est un peu frustrant mais pas si grave que cela ! ». Après ces deux échecs, Ari Folman abordait donc les Césars avec humilité : « Je suis déjà content d’être finaliste, mais face aux brillants concurrents qui méritent le respect, c’est un grand honneur de se retrouver avec des pointures pareilles.. » Finalement c’est quand on ne s’y attend plus que la récompense arrive ! Le film est consacré "meilleur film étranger" par l’Académie des Césars. Et devant les caméras de Canal +, Ari Folman laissait exprimer sa joie, délivrant un message humaniste et dédiant son prix à la paix : « soyez tolérants ! croyez aux autres ! Répandez l’amour et la paix ! » Devant Jérôme Clément, PDG d’Arte et Serge Lalou autre coproducteur, Ari Folman avait raconté l’avant-veille la genèse du film avec simplicité. Au démarrage, il disposait de 80.000 $ de budget et un extrait de trois minutes d’animation. Il fit une rencontre déterminante au Festival international de cinéma de Toronto. Pierre Merle, Chargé de Programmes Coproductions d’Arte France lui signifia son enthousiasme. Et le film put se faire pour un budget de deux millions de dollars, contre près de dix millions pour le film Persépolis... En France, plus de 500.000 personnes ont vu le film, diffusé par ailleurs dans de nombreux pays dans le monde, y compris le monde arabe. Le DVD sort d’ailleurs le 4 mars. Ari Folman explique le succès relatif du film en France par l’engouement du public pour le roman graphique et la bande dessinée.
Peut-être est-ce l'une des raisons qui a décidé Ari Folman et le directeur artistique David Polonsky à adapter leur film en bande dessinée. A la fin de l’ouvrage très réussi, paru en coédition avec Casterman - voir la chronique - ce dernier raconte comment s’est réalisée cette transformation finalement moins évidente qu’il n’y paraît à première vue. Ari Folman raconte : « ce n’était pas simple mais assez naturel car on revenait aux sources implicites du film. » Peut-être même l’album permet-il une émotion différente car en l’absence d’animation et de bande son, « le lecteur est obligé de s’impliquer davantage, à réfléchir un peu plus à ce qu’il voit, que dans une salle de cinéma. Le spectateur réfléchit souvent seulement à la sortie du film sur ce qu’il a vu. »
Un autre projet de film d’animation pour adultes est déjà à l’étude avec Arte et pourrait bien utiliser les mêmes ingrédients qui ont fait le succès de ce premier documentaire animé. A suivre…
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Photo Ari Folman dans les locaux d’Arte © Manuel F. Picaud / Auracan.com

Extraits album Valse avec Bachir © Ari Folman - David Polonsky / Casterman - Arte - France Inter