Modeste contribution pour permettre à Eric Besson de réaliser son objectif de reconduite à la frontière par Jonathan Martinet

27 000. C’est l’objectif chiffré que s’est fixé le dernier des ministres (dans l’ordre protocolaire mais non dans la grandeur d’esprit) Eric Besson, chargé de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale, du développement solidaire. Mille de plus que l’objectif fixé pour 2008 mais moins que le chiffre annoncé le 13 janvier 2009 par son prédécesseur, Brice Hortefeux de 29 796.Il est vrai comme il a été démontré sur ce blog et reconnu par le rapport du CICI  qu’en réalité le nombre de reconduites à la frontière s’est élevée à un peu moins de 20 000 parce que le ministère a compté les aides au retour humanitaire (plus de 8000) touchant principalement des ressortissants européens comme les Roumains et les Bulgares.

Après avoir lu ce billet sur une musique de Gershwin d’un nouvel auteur, l’animateur de Combats pour les droits de l’homme a décidé de prendre 15 jours d’inactivité…

Pour réaliser son objectif, le ministre a lancé plusieurs opérations de démantèlement de filières d’immigration comme il l’a décrit dans un discours le 5 février 2009. Les arrestations au guichet, dans les centres d’hébergement ou les CADA pourront substantiellement augmenter le nombre de personnes placés en centre de rétention administrative, à condition que les juges ne fassent pas un véritable travail de sape comme le remarque justement le rapport CICI.

Mais il faudra sans doute élargir le champ des étrangers sans papiers à reconduire car les nationalités les plus représentées dans le tableau des reconduites à la frontière sont de moins en moins susceptibles d’apporter leur contribution, car leurs ressortissants sont de moins en moins nombreux à entrer sur le territoire, grâce à la vigoureuse politique de contrôle des frontières.

Il faut donc faire preuve d’inventivité et rechercher, telles les compagnies pétrolières, de nouveaux gisements d’étrangers-en-situation-irrégulière-n’ayant-pas-vocation-à-vivre-en-France pour réaliser l’objectif 2009.

A la conquête de l’Ouest.

Il y a deux types d’étrangers dans la législation : les étrangers ressortissants de pays de l’Union Européenne qui ne peuvent pas être reconduits et les autres. On regarde souvent vers l’Afrique, l’Europe Orientale l’Amérique Latine ou l’Asie pour rechercher des étrangers sans papiers mais on oublie souvent l’Amérique du Nord. Les ressortissants étasuniens ou canadiens sont régis par les mêmes règles qu’un Malien ou un Burundais. Pour séjourner en France plus de trois mois, ils doivent être munis d’une carte de séjour, sinon ils sont susceptibles d’être l’objet des mêmes mesures  d’éloignement que les autres nationalités.

Selon le rapport précité du CICI, le nombre d’Américains ayant été admis au séjour a été de 6 503 en 2004, 5 856 en 2005,6 082 en 2006 et 5 708 en 2007, représentant la sixième nationalité d’admission. La plupart de ces cartes ont été délivrées pour des étudiants ou pour des raisons professionnelles (1959 cartes en 2007). Mais ces chiffres sont l’arbre qui cache la forêt de ces milliers d’Américains, attirés par la vie en rose ou la Bohème et  qui viennent marcher sur les sentiers d’Hemingway, de Miller ou d’Ezra Pound. Pour survivre, ils se font serveurs de bars américains, musiciens de rue ou danseurs de disco  et exercent une exécrable influence sur la jeunesse française.  D’autres sont cachés dans le sud de la France  où ils entendent profiter du paradoxe français et des allocations familiales pour leur nombreuse progéniture.

Comme il ne saurait exister de discrimination en fonction de la nationalité, il est temps que les services de M. Besson met en œuvre une politique vigoureuse de lutte contre cette immigration irrégulière.

Cela sera d’autant plus aisé que l’Américain en France maîtrise mal notre langue et continue de lire ses propres journaux, signes d’extranéité objective selon la jurisprudence. En outre, il se concentre dans certains quartiers de nos villes qu’il faut bien appeler de véritables ghettos

En interpellant ces irréguliers américains, le ministre Besson pourra donc augmenter significativement augmenter le nombre de reconduites à la frontière et permettre aux escortes policières de diversifier leurs destinations.  Autre avantage, les Américains n’étant pas soumis au visa d’entrée pour un court séjour, il est probable que l’irrégulier qui a été reconduit à la frontière revienne dans le même avion que son escorte. Repéré, il pourra d’autant plus facilement être reconduit une deuxième fois vers son pays,  ce qui sera tout bénéfice pour les statistiques du ministère.

Pour les Américains, ils auront le choix d’avoir un retour payé par le contribuable français ou de recevoir les 2000€ de l’aide au retour volontaire versée par l’ANAEM.

Seul hic au tableau, il est probable que les autorités américaines n’apprécient pas cette politique de reconduite de ces ressortissants et envisagent en représailles des expulsions de Français vivant irrégulièrement aux Etats Unis , voire  la réinstauration des visas  pour les ressortissants européens. Le président Sarkozy plaidera avec son accent impeccable, auprès de son homologue qu’il ne fait qu’appliquer le slogan de sa campagne (27 000 removals , yes we can) et leur permet de réviser les classiques de la musique folk et rock.

Eric Besson saura-t-il braver les deux cents ans d’amitié franco-américaine et mener une politique ferme mais humaine vis à vis de ces étrangers? Il sera jugé à ses actes. En attendant les postulants à l’appel d’offres sur le marché de la rétention devraient réviser leur connaissance dans la la langue de Bob Dylan.