Plus la crise s’amplifie, plus les mesures et les diagnostics se multiplient, plus la croyance magique en la reprise est affichée (magie pouvant d’ailleurs fonctionner, encore une fois,selon le principe des prophéties auto-réalisatrices des sociétés mimétiques), plus la colère sociale monte, plus il apparait que trois impasses, très fréquentées, sont à quitter et trois sentiers, sur lesquels quelques-uns commencent à se retrouver, sont à défricher.
Trois impasses à quitter. L’impasse de l’économie d’abord qui ayant transformé l’humanité en une immense société de travailleurs employés à créer de plus en plus de « richesse » et à consommer/détruire de plus en plus de biens durables, artificiels ou naturels, n’est pas la solution à la crise mais sa principale origine. L’impasse de la gestion, autour du débat hallucinant sur la dette. Dette de qui vers qui, alors même que les Etats empruntent à ceux auprès de qui ils sont endettés pour leur prêter ensuite pour relancer une machine financière folle, sans lien avec une « économie réelle » tant le montant des sommes en jeu dépasse celui des richesses produites ? L’impasse technologique, enfin, dont un des exemples les plus criants est le délire des OGM. Après avoir détruit les cultures vivrières, empoisonné les sols, le « progrès » de l’agriculture vise à transformer les paysans du monde en employés de Monsanto. Ces trois impasses ne sont pas la solution, elles sont le problème.
Trois sentiers à défricher. Sentier de la construction d’un monde durable, habitable en lieu et place de la soumission à un processus de développement dont on voit aujourd’hui les dégâts croissants. Sentier tracé dès 1958 par Hannah Arendt, avec son souci et son amour du monde. Sentier défriché aujourd‘hui par Edouard Glissant et ses amis antillais autour des concepts du Tout-Monde et de la poétique. Sentier de la puissance de l’action collective remplaçant la politique du pouvoir/domination sur l’autre, exploré, là aussi, par l’action des Antillais. Enfin sentier de la pensée de ce que nous faisons, de la compréhension du monde que nous construisons. Sentier défriché par beaucoup d’auteurs de l’ère post-totalitaire : Arendt, Anders, Morin, Illich, Jean-Pierre Dupuy, …
Puissent les nouveaux-venus sur Terre, les nouvelles générations sortir de ces trois impasses et transformer ces trois sentiers en chemins d’un nouvel humanisme, respectueux du monde, de la nature et des êtres humains !
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