Je crois que beaucoup de gens ne lisent pas Nabe uniquement pour des raisons idéologiques, le type ayant parfois des inclinaisons peu fréquentables. Autant le dire tout net, ils se privent ainsi d’un vrai plaisir de lecture. Les deux courts textes proposés aujourd’hui par le Dilettante, à un prix déraisonnable, valent donc plus que le détour.
Le premier est né des effluves festives et commémoratives du 14 juillet 1989, un jour, je cite, ou « la sale France a rendu l’âme, enfin ! Dehors » nous dit Nabe « ils croient se réjouir, les sans-culottes sans rien dedans, mais ils assistent, sans le savoir, à l’enterrement de la démocratie en personne ». N’étant pas très certain que Nabe puisse avoir quelque légitimité pour nous annoncer la mort de la démocratie, le lecteur préférera se perdre dans cette marseillaise d’Albert Ayler que Nabe décrit comme celle « des bébés, la marseillaise des croyants, la marseillaise des vivants, la marseillaise des loubards, la marseillaise des vaincus, la marseillaise des bourreaux. » Cet hommage ramassé à Ayler, cet « infatigable massacreur des faciles perfections » est du Nabe, tantôt pur sucre, tantôt pur porc, c'est-à-dire de quoi en fatiguer beaucoup, de quoi en ravir comme moi quelques-uns.
Le second texte, consacré à une belle évocation de Django est, sur une petite cinquantaine de pages, une histoire très revisitée de celui, nous dit Nabe, qui « peignait avec sa guitare ». « Django…