Les multiples tentations du jeu
Rox Ann Dossier Jeu compulsif et gambling
Inversement, il y en avait d’autres avec de la motivation, du bon vouloir et tout ce que vous voudrez… jusqu’à ce que le chèque du premier arrive pour quelques-uns ou la paye pour les autres. Parmi eux, il y en a qui ont fait une thérapie juste pour dire qu’ils la faisaient… d’autres voulaient vraiment la vivre… Deux contextes complètement différents qui influent grandement sur le résultat final.
Tout miser… jusqu’à la raison
Toutes les raisons sont bonnes pour jouer mais les bonnes raisons pour arrêter se font plus rares. Avec la petite bière ou la ligne de coke, vient les «gratteux» ou la machine. Ils sont les héros du jeu, capables de battre le hasard parce qu’ils ont tellement perdu la veille que ça ne se peut pas que «ça ne paye pas» !
Prendre un verre pour se donner encore plus de chance de gagner avant et pendant le jeu… et prendre encore un verre pour oublier l’argent du loyer, des comptes et de l’épicerie qui vient de passer dans la machine.
J’en ai vu qui ont perdu des condos, des maisons et qui ont vendu leur char sur un coup de tête pour aller jouer. Si ce n’était que le matériel qu’ils risquaient de se faire saisir… Mais finalement, la famille, les amis et les collègues de travail s’en vont. Ça aussi, je l’ai vu.
Thérapie par dessus thérapie
Trois, quatre thérapies pour certains! Des rechutes… et même des idées suicidaires, jusqu’aux tentatives. La honte, le désespoir, l’endettement, la solitude «même plus une larme pour pouvoir pleurer…» C’est la réalité, et ce n’est sans doute pas un hasard que tout cela vienne avec le jeu.
La question que je me pose c’est: pourquoi attendre d’être seul avec plus rien au monde pour penser, peut-être, suivre une thérapie, aller chercher de l’aide.
Tentation du jeu
C’est sûr qu’avec toute la tentation, «ce n’est pas un cadeau»! En allant au dépanneur pour acheter une pinte de lait, il y a un beau gros «pad de gratteux», n’est-ce pas tentant? Maintenant, il y a même des moniteurs qui présentent les gagnants, les lots à gagner, etc. À la pharmacie, la caissière qui demande «une petite loto avec ça?» Les publicités à la télévision, les affiches… tout ce qui nous entoure publicise et banalise le jeu. Combien de bars dans votre région possèdent des machines à loterie vidéo? Dans certaines villes, on organise même des voyages au casino! Une cinquantaine de dollars et voilà le voyage payé, dîner compris!
La santé mentale, pas important?
Dans bien des endroits, je me suis fait refuser d’apposer de la publicité pour l’organisme où je travaille… Pourquoi ? Peut-être par peur de perdre de la clientèle et de l’argent? On donne des «gratteux» aux enfants, on crée déjà l’illusion du gain facile en très jeune âge. J’ai déjà entendu, dans les groupes de thérapies, qu’on cache les cigarettes dans les dépanneurs mais pas la loterie… On parle d’une question de santé physique parce que la fumée c’est cancérigène. Mais que fait-on avec la santé mentale des joueurs ?
C’est à se demander, «si on ne cherche pas le trouble…» Posez-vous des questions! Essayez de trouver les réponses. Le hasard, on ne peut rien y changer.
Vaut mieux prévenir que guérir…
Reflet de Société, Vol.17, No 2, Février/Mars 2009, p.8