Pour finir ce tour d’horizon du thème du vieillissement que l’on retrouverait aussi représenté dans certains des récits des Nouvelles pour l’été, je reviendrai aujourd’hui sur un poème publié dans « Pierrot et Colombine », nouvelle du recueil Chaussée de la madeleine de Proust... Ce texte intitulé « la danseuse », met en scène une danseuse qui choisit de léguer à son héritier futur un chausson de danse qu’elle abandonne Chaussée de la Madeleine, à Nantes, au bâtiment du « Grenier du Siècle »...
J’ai tout de suite repensé à ce poème quand j’ai vu ce beau personnage de la danseuse dans le film...
« Je suis née dans un galbe de rose : sur les voiles du berceau tendu, mon cœur en bouton a senti vibrer la fermeture éclair et le juste-au-corps. Mes yeux en bouton de bottines ont offert à mon pied le rose des paupières ; plus légère qu’un lacet, je me suis tordue dans les draps en attendant l’aurore.
Elle est venue, comme une musique derrière l’écran du jour : je lui ai donné ma chair et je danse obstinément, peu m’importe le jour, peu m’importe la nuit, je suis une rosée en suspension, on me regarde vibrer dans la transparence de mes larmes. Je m’élance et me retiens, me donne et me retire, et mon juste-au-corps qui ruisselle est une coupe d’ivresse à moitié renversée.
Un jour, elle s’en ira de moi : je la verrai partir comme on accompagne des yeux, avec de grandes trainées de lumière et du ricil sur les joues. Elle se fera discrète, une compagne en tutu, qui s’élance et qui voltige et ne se fait pas entendre.
Elle exécute sur la scène limpide quelques rides d’eau courante et je feuillonne, sur mes doigts et sous mes paupières, les pétales de rose qu’on offre à la danseuse »par Eric Bertrand publié dans : Ecriture et réécriture communauté : Voyage et écriture
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