Law & Order UK - le pilote

Publié le 27 février 2009 par Heather

Hmm... Je devrais peut-être envisager de renommer ce blog : "Le journal d'une sériephile en Angleterre" ?
Pour être honnête, j'avais bien en tête deux autres séries absolument pas british dont j'aurais pu traiter des pilotes. J'ai même les brouillons de ces billets sous le coude. Mais disons que Trust me, une fois qu'on a évoqué le casting et poussé un soupir rêveur, n'offrait qu'une page blanche bien vide -à l'image du contenu de la série- qu'il aurait été plus approprié -et intéressant- de remplir de screen-captures, ce qui ne m'a pas paru très opportun. Il y avait bien aussi Dollhouse. Mais qui n'a pas parlé de cette série au cours de ces deux dernières semaines ? Tout a été dit sur le sujet. Et n'ayant jamais été une inconditionnelle de Joss Whedon, je passe mon tour pour décrypter un pilote qui n'était pas des plus emballants.
Si bien que j'ai simplement opté pour le dernier pilote visionné cette semaine... qui par pure coïncidence nous vient d'outre-Manche (*pas taper*), mais c'est une adaptation d'une série américaine ! (*l'honneur est sauf*)


Diffusée sur : ITV (Grande-Bretagne)
Depuis le :
23 février 2009

Ca parle de quoi ?
"In the criminal justice system, the people are represented by two separate, yet equally important groups. The police, who investigate crime, and the Crown Prosecutors, who prosecute the offenders. These are their stories."
Adaptation britannique du concept de la première série de la franchise Law & Order (New York District en VF), la série nous immerge dans le système judiciaire anglais, suivant le même format que l'originale américaine. Nous suivons une affaire dans son ensemble : de la découverte du crime jusqu'au procès. Chaque épisode est découpé en deux parties, suivant le travail de la police, puis de l'accusation.

C'est avec qui ?
Beaucoup de têtes connues des sériephiles et des amateurs de fictions britanniques : Bradley Walsh (Coronation Street), Jamie Bamber (Battlestar Galactica), Harriet Walter, Ben Daniels (The State Within, The Passion), Freema Agyeman (Doctor Who), Bill Paterson (Little Dorrit).

Et alors, ce pilote ?
Parmi les différentes déclinaisons de L&O, la première a toujours gardé ma préférence. Sans doute est-ce du à mon attrait pour l'exploration des rouages du système judiciaire en général et des arcanes de la justice. Les fondamentaux de la série ayant fait leur preuve et étant bien rodés, le téléspectateur n'est pas surpris par le format de cette déclinaison qui se déroule, cette fois, à Londres.  ITV nous offre une adaptation fidèle à l'originale jusque dans la petite musique de transition entre les scènes, lorsque l'écran noir, qui nous indique le lieu, apparaît. Si bien qu'il est aisé de se glisser dans une intrigue construite de cette façon très classique, suivant le schéma immuable de L&O. Les scénaristes n'ont eu aucune peine à se re-approprier aisément l'ensemble des codes narratifs de la franchise.

Outre le fait que j'apprécie la série originale, ce qui avait éveillé mon intérêt, c'était avant tout la perspective d'entrevoir un peu le système judiciaire britannique, qui n'est pas des plus simples et avec lequel nous ne sommes pas forcément familier (au fin fond de ma mémoire, traînent bien quelques brumes de cours de fac traitant de ce sujet, mais c'est très obscur et cela m'a toujours paru comme un système un peu étrange, ployant sous le poids des traditions). Si bien que cette adaptation britannique -outre servir à alimenter mon obsession anglaise du moment- s'annonçait intéressante à plusieurs niveaux, tant sur le fond que grâce au casting rassemblé par ITV.

La série ne s'offre pas une introduction en douceur, puisqu'elle commence d'emblée sur une enquête des plus sensibles et poignantes. Il s'agit de la mort d'un bébé. L'intrigue se suit sans temps mort, menée avec beaucoup d'efficacité. L'enquête policière repose sur la dynamique d'un duo associant Bradley Walsh et Jamie Bamber, le flic expérimenté et le jeune trentenaire plus impulsif. Quelques phrases bien piquantes viennent se glisser dans des dialogues très professionnels ; de quoi trouver un juste équilibre entre le travail et une certaine humanisation des personnages. Nous restons en territoire connu, pour une enquête "à l'ancienne" où le travail d'investigation et de recoupement des informations est mis en avant. Rien de révolutionnaire, mais l'ensemble fonctionne efficacement.

Le volet judiciaire met en scène Ben Daniels, assisté par Freema Agyeman. Le système judiciaire anglais nous est peut-être moins connu, mais nous ne sommes pas perdu pour autant. L'accusation et la défense féraillant devant le juge sont deux constantes que la présence de perruques sur la tête des juristes anglais ne parvient pas à troubler. En réalité, en ces terres de Common Law, les systèmes américains et britanniques étant tous deux accusatoires, la transposition se fait logiquement sans difficulté (cela serait autrement plus complexe de maintenir l'équilibre originel de L&O face à un système judiciaire de tradition romaniste plus empreint d'inquisitoire -c'est pour cela qu'une adaptation française devrait sans doute attendre la réalisation des réformes gouvernementales annoncées ; mais c'est un autre sujet...). Terrain inexploré ou non, l'affaire se suit sans problème. D'autant que le problème de procédure qui vient tout enrayer requiert avant tout de... parler français, puisque c'est une erreur de traduction qui amène l'accusation à devoir se rabattre sur un nouveau coupable, tentant tant bien que mal de parvenir à faire prononcer une condamnation pour punir ce tragique drame qui coûta la vie à un bébé.

Si l'histoire est peut-être un peu tiré par les cheveux à certains moments, elle n'en demeure pas moins très efficace ; l'épisode étant bien ciselé, il se suit sans temps mort. Il est accompagné d'une réalisation typiquement "moderne", c'est-à-dire assez nerveuse, avec une caméra ayant tendance à trembler par moment. Même si cela a attiré mon attention, l'effet n'étant pas excessif, cela ne provoque aucune gêne chez le téléspectateur.

Si le fond apparaît globalement solide, le casting l'est tout autant. J'étais tout d'abord ravie de retrouver Ben Daniels, qui m'avait marquée dans The State Within et que je n'avais plus recroisé depuis. A lui de prouver qu'il a les épaules pour incarner la tête de l'accusation. Freema Agyeman nous prouve qu'elle est toujours très occupée ; après une brève lecture de sa fiche imdb, je me rends compte que mon impression de la voir partout doit sans doute venir du fait que, sans le faire exprès, j'ai regardé tout ce qu'elle a pu tourner au cours des deux dernières années. Dernière tête très connue (je vous épargne toute référence à cette "institution" qu'est Coronation Street avec Bradley Walsh), Jamie Bamber, dont l'absence n'a pas eu le temps de se faire sentir, étant donné la diffusion actuelle de la fin de la saison 4 de Battlestar Galactica par Sci-Fi. Seul élément manquant, la disparition de son accent américain qui a suffi à perturber mon pauvre cerveau non polyglotte, qui a refusé obstinément d'associer les différences d'intonation, pendant une bonne partie de l'épisode.

Bilan : Une adaptation fidèle et efficace qui plaira aux amateurs de la franchise. Il est encore trop tôt pour dire si la série va s'affirmer du côté des enquêtes et va nous offrir des affaires solides, mais ce pilote jette de solides bases qui ne demandent qu'à être confirmées par la suite. J'espère continuer le visionnage de cette série.

Quelques vidéos sur le sujet... en commençant par un aperçu du générique :


Une interview sympathique de Bradley Walsh et Jamie Bamber pour évoquer la série
(attention par contre, ils ont glissé des images de la saison 4 de "Battleship Galaxy" dixit Bradley Walsh *british humour* au milieu. En clair = des images de la saison 4 de Battestar Galactica *Spoilers*) :

A lire sur le sujet dans la blogosphère :
- La review chez Critictoo.
- La critique de Tao sur Critik en Séries.