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Enquête sur une guérilla, Nicaragua (1982-2007)

Publié le 27 février 2009 par Sébastien Michel
Livres

Gilles Bataillon,
éd. Le Félin, 336 p.
A partir de 27,55 € sur Amazon.fr

L'histoire du Nicaragua aurait pu être celle de Cuba : un peuple sous le joug d'un dictateur, Somoza qui le remplace par une armée révolutionnaire. Sauf que la guérilla sandiniste n'a jamais réussi véritablement à s'imposer dans cette jungle politique. Si un gouvernement sandiniste a bien eu lieu entre 1979 et 1990, il a pourtant été miné par les Contras, ces contre-révolutionnaires - financés entre autre par les Etats-Unis qui pour ce faire vendait des armes à l'Iran (damned !) -. Il faut dire au passage que les indiens Miskitus entrèrent en résistance pour protéger leurs terres d'une collectivisation forcée, près de 10 000 d'entre eux furent déportés dans des camps de rééducation (façon maoïste).  Pas facile évidemment de distinguer dans tout cela le bon du méchant parce que les exactions ont été commises de chaque côté.

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Le sociologue, Gilles Bataillon, a enquêté sur place, présent dans le maquis miskitus dés 1984 pour se rapprocher au plus près non pas d'une vérité mais des témoignages et de la souffrance. L'auteur raconte son expérience de la guérilla, plongé dans la jungle au milieu des miskitus, l'efficacité de la propagande qui diabolise toujours l'ennemi, la manipulation des populations. Les miskitus, dans leur guerilla, sont en effet largement instrumentalisés par les Etats-Unis, mais l'ancien régime de Somoza semble avoir bénéficié aux indiens, et leur conversion au protestantisme morave trouve nécessairement peu de convergence dans le système marxiste mis en place. L'armée sandiniste a ainsi détruit bon nombre de leurs villages et les indiens se sont retrouvés totalement démunis.
Cet ouvrage a l'audace de nous ouvrir les yeux sur la complexité du conflit au Nicaragua : il n'y a pas de gentils révolutionnaires qui agissent pour le seul bien public (comme à Cuba, d'ailleurs...) mais des populations qui font, à des degrés divers, les frais des grandes tensions idéologiques importées un peu partout : la mondialisation avant d'être économique a d'abord été politique. Les victimes, elles, sont toujours les mêmes...

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