Étienne Roda-Gil
Je voudrais avoir le talent fou d’Étienne Roda-Gil (1)
D’écrire des chansons tendres, ou engagées,
Avec sa magie des mots, son verbe baroque, son lyrisme fragile,
Lui, qui, des obligations militaires, ne s’est jamais dégagé (2).
Je voudrais saluer la mémoire de Vicente Cruz (3), anarchiste de Barcelone,
Un de la Confederación Nacional del Trabajo,
Il fraternisait avec ceux qui ne disent jamais : “C’est selon”
Mais, fidèles à leurs idées, croupissent derrière d’immondes barreaux (4).
Je voudrais m’effondrer comme Manuel Vásquez Montalbán (5) dans un lointain aéroport,
Après avoir pris soin de relire une dernière fois de Charles Baudelaire
Ce beau poème en prose : Le port (6).
Histoire de préférer définitivement l’air marin à l’air polaire.
(Michel_Frontère©)
Notes
(1) Étienne - Esteva - Roda-Gil (1941-2004), connu comme auteur de chansons à succès, notamment pour Julien Clerc ou Mort Shuman, cf. « Le lac Majeur », il a aussi écrit des essais, des romans et des recueils de poésie
(2) il préféra s’exiler à Londres plutôt que d’être incorporé et de faire la guerre en Algérie qu’il désapprouvait
(3) Vicente Cruz (18??-19??, à préciser), grand-père d’un ami d’enfance, extrêmement érudit, il aurait pu enseigner la philosophie politique
(4) rappelons ici que les prisons françaises sont, exceptée la Moldavie, les plus sordides d’Europe ce qui en dit long sur l’état de notre démocratie
(5) écrivain catalan (1939-2003), il a créé le personnage de Pepe Carvalho, meurt d’un infarctus à l’aéroport de Bangkok le 17 octobre 2003
(6) in « Le Spleen de Paris », sous-titre Petits Poèmes en Prose, 1862