Le mot nationalisation ne fait plus peur à personne. En 1981, le programme de nationalisations du gouvernement de gauche a fait fuir les capitaux sous d'autres cieux que ceux de la France et entraîné une dévaluation du franc. Aujourd'hui, la crise financière et bancaire et ses conséquences économiques et sociales conduisent les gouvernants à beaucoup de pragmatisme.
Barack Obama et les experts qui l'entourent sont convaincus de la nécessité de « nationaliser » une partie du secteur bancaire américain. Ils ont même un terme (affreux !) pour qualifier cette décision inéluctable : Socialiser ! Et pourtant, voilà bien ce que s'apprête à faire la puissance capitaliste la plus grande du monde, première économie planétaire.
En France, on y va tout doucement. En plaçant l'un des siens, j'allais écrire l'un de ses pions, à la tête de la 2e banque française, Nicolas Sarkozy enclenche un processus qui ne va pas se clore du jour au lendemain. On apprend que les banques centrales vont avoir toutes les peines du monde à se faire rembourser les avances pratiquées en faveur des banques menacées de faillite il y six mois. Que les états, prennent la direction des établissements — à tous le moins des actions et des postes stratégiques de contrôle — dans lesquels ils versent l'argent des contribuables est tout à fait légitime. Les banquiers ont pris des risques énormes, certains ont joué et perdu et implorent le soutien de l'Etat pour ne pas mourir. Ces banquiers-là doivent passer la main, une nouvelle ère commence avec des règles, des régulations, des « ne pas laisser faire »…du moins devrait commencer. « Refonder et moraliser le capitalisme », cela semble impossible sinon improbable. Et pourtant, les peuples l'exigent.