Jean-Paul Riopelle est certainement parmi les peintres contemporains canadiens le peintre le plus célèbre. Elève de Paul-Emile Borduas dans les années 1940, il forme avec ce dernier et d'autres étudiants le groupe qui se fait connaître sous le nom d'automatistes "pour leur méthode spontanée de peinture qui puise à l'inconscient comme à une source" (Elan d'Arts). Au début des années 1950, il est influencé par l'action painting de Jackson Pollock, et cela aboutit pour lui à l'application de la peinture en tube sur la toile, peinture qu'il étale ensuite au couteau, ce qui transforme la surface du tableau en un jeu de couleurs fractionnées, comme sur une mosaïque.
Et c'est tout à fait le cas dans ce tableau "Autriche", huile sur toile réalisée en 1954 (visible au Musée des Beaux-Arts de Montréal), dont j'ai trouvé la similitude frappante avec cette photographie de givre.
Par la technique utilisée, un travail à la fois spontané et très précis au couteau pour étaler la peinture, on a l'impression de voir la multitude de cristaux de givres sur une glace.
Pour celui qui disait de ces tableaux qu'ils étaient faciles à reconnaître, "on croit voir des draps de lit sur lesquels un peintre en bâtiment aurait essuyé ses pinceaux", je préfère cette phrase de lui, "la nature reste une énigme : on ne la perçoit jamais dans sa totalité. Elle est comme moi, toujours en train de partir".