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La concentration du pouvoir économique au service de...

Publié le 27 février 2009 par Omelette Seizeoeufs

Par pur esprit de sacrifice, je continue à lire Les Échos pour vous éviter de le faire. À vrai dire, en ce moment, c'est une lecture assez intéressante dans la mesure où les auteurs ne s'embarrassent pas des considérations "sociales" pour se concentrer sur l'essentiel : le pognon, l'oseille, le fric, les sous, la thune...

Depuis quelque temps, je m'inquiète de ce fonds souverain que Nicolas Sarkozy proposait, pour protéger "nos" groupes des méchants étrangers qui pourraient profiter de la baisse des cours pour se les accaparer. Le caractère mondial de la crise actuel semble échapper à nos dirigeants : la plupart des méchants étrangers ont aussi des problèmes de trésorerie, la valeur de "nos" groupes est tout sauf certaine (Renault est classée dans la catégorie "junk" déjà). Bref, l'opportunité de cette démarche ne semble pas aller de soi. Les mauvais esprits sont tentés d'y voir une nouvelle forme de colbertisme. Et les très mauvais esprits penchent même vers l'hypothèse d'une nouvelle technique pour tout simplement soumettre l'État et les contribuables à une élite financière et, accessoirement, industrielle.

Étrangement, je n'avais pas vu passer la véritable création de ce fonds souverain, qui s'appelle le Fonds stratégique d'investissement, ou même le FSI, ce qui en fait presque l'égal du FMI. C'était en décembre. Le FSI appartient donc à la Caisse des Dépôts et Consignations (51%) et l'État (49%).

Je apprends tout cela, donc, grâce aux Échos, à l'occasion de la première intervention du FSI, qui part sauver Valeo. (Les Échos, jeudi 26 février, page 19.) En somme, le FSI a acheté 2,35% de Valeo, ce qui s'ajoute aux 5,98% qu'avait déjà la Caisse des Dépôts et Consignations. Mais même avec 10,5% des droits de votes, la France se trouve toujours distancée par Pardus (pardieu), un fonds américain "qui avait cherché longtemps à infléchir la stratégie du management, avant de se montrer moins pugnace". (Méchants. "Aggressifs" ?)

Nous apprenons des choses intéressantes. Si vous voulez être sauvé par le FSI, il vaut mieux faire partie du même monde : "Gilles Michel, directeur général du FSI [...] connaissait bien Thierry Morin, PDG de Valeo, en tant qu'ancien patron de Citroën." Bon à savoir.

L'État arrive, pourrait-on penser, à temps, car chez Valeo ça va assez mal. Le groupe a perdu 207 millions d'euros l'année dernière. Une bricole, sans doute, au vu des pertes à venir, mais sûrement pas bon signe. Du coup, on apprend que Valeo venait déjà de supprimer 5000 postes et 6000 contrats d'interimaires. (Ne comptez pas sur Les Échos pour verser des larmes à propos de ces postes. C'est la restructuration, que voulez-vous?) Rien ne semble indiquer qu'il y ait la moindre dimension sociale dans ce projet. Je me trompe peut-être...

Enfin, il y a le problème du pognon. Le FSI envisage de se gonfler considérablement.

"Quand nous serons sollicités pour une opération de plusieurs milliards d'euros, il faudra sans doute se poser la question du dimensionnement total du FSI", indique Augustin de Romanet, le directeur général de la CDC.

J'adore le "sans doute". Ce machin aurait donc l'ambition de devenir énorme. L'État va continuer à investir justement dans des sociétés dont personne ne veut (Valeo est dans la catégorie du junk désormais). Massivement. Car le patriotisme économique consiste surtout à soutenir les courbes de nos fleurons. Le reste, ce n'est que des détails.

Et j'ai encore quelques questions. Par exemple : d'où vient tout cet argent ? Et quelle sera la conséquence à long terme de cette nouvelle forme de concentration du pouvoir économique et politique ?


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