Aucune chance n’est donnée à la France de battre le Pays de Galles. Raison de plus pour espérer un exploit. C’est quand il a les pieds dans la merde que le coq chante le mieux. Alors, comme Che Guevara : "soyons réalistes, exigeons l’impossible".
Pour mémoire, extrait du compte rendu de l’élimination de la Nouvelle Zélande par la France en quart de finale de la Coupe du Monde 2007,
Avant la rencontre pourtant, pas de doute, l’équipe de France ne joue pas à domicile, et les supporters néo-zélandais sont très largement plus nombreux que les Bleus. Ils font aussi beaucoup plus de bruit, malgré l’entrain manifesté par les quelque 20.000 Français courageux qui ont fait le déplacement. Du courage, les joueurs français en ont montré au moment du haka, alors qu’ils avaient revêtu des tee-shirts bleu-blanc-rouge, en réponse au chant patriotique néo-zélandais. Alignés à quelques mètres, à quelques centimètres mêmes des « All Greys », ils les ont affronté sans broncher...
Les Néo-Zélandais avaient alors du mal à garder le ballon, surtout qu’ils étaient souvent sanctionnés par le jeune arbitre anglais, qui avait visiblement entendu parler de la mauvaise réputation de McCaw. Mais le problème avec les Blacks, c’est qu’il ne leur faut pas beaucoup de ballons pour mettre le feu dans la défense adverse. Ainsi, après une longue séquence de quatre minutes, et malgré une défense désespérée des Français, ce sont eux qui ont ouvert le score sur une pénalité de Carter juste avant le quart d’heure de jeu.
Mais il y a tellement d’autres joueurs de talent dans cette équipe...la deuxième erreur défensive du duo Jauzion-Marty, le génial centre des Blues a conclu lui-même son exploit après un relais de Collins. 10-0 au bout de vingt minutes, la machine néo-zélandaise est implacable...
Les Bleus ont alors paru impuissants, pas toujours inspirés dans leurs choix, parfois même désorganisés, notamment en touche (quel match de Williams en face) ou en défense (13 plaquages manqués en première période), deux de points forts des Français. Beauxis a bien marqué enfin trois points avant la pause, mais les six points déjà laissés en route restaient embêtants...Carter ajoutait trois points de plus, et les siens rentraient au vestiaire avec un avantage consistant (13-3). Imparable...
Au retour des vestiaires, tout le monde côté français rêvait à un scénario semblable à celui de 1999, avec une remontée fantastique des Français... Quelques minutes plus tard, un groupé pénétrant d’école venait s’échouer à quelques centimètres de la ligne, et McAlister prenait un carton jaune pour une vilaine obstruction sur Jauzion. Les Bleus étaient encore admirables de volonté, et avaient décidé de tout donner. Beauxis doublait la mise, et ramenait les siens à sept points.
Seulement voilà, les Néo-Zélandais, même réduits à quatorze, ont continué à percer la défense trop facilement, et arrivaient surtout à garder le ballon pour passer les temps (dont une séquence à 17 temps de jeu près de la ligne). Mais ces Bleus-là refusaient de se laisser faire et de mourir sans combattre. Szarzeswki et Chabal venaient de rentrer pour apporter leur puissance, et il était alors temps de mettre le feu. Après une superbe action collective, ils ont même trouvé enfin la faille par Thierry Dusautoir, avant que Beauxis ne transforme pour égaliser.
Treize partout, le scénario se répétait, dans une tension immense. Carter, méconnaissable, était même remplacé par Evans, et on se disait que le vent était en train de tourner. Le public français commençait enfin à faire du bruit et à entonner la Marseillaise.
La révolte française s’annonçait féroce, et elle faisait plaisir à voir. On se demandait ce que donnerait les Blacks s’ils étaient secoués, on allait être servis. Au départ ils ne se sont pas affolés, et ont même profité de la première occasion pour marquer un essai assassin par So’oialo. 18-13, la course poursuite se poursuivait, dans un suspense haletant.
Mais les Bleus avaient un coeur énorme et ont été magnifiques de courage. Il fallait juste un déclic, un grain de folie pour débloquer la situation, et c’est Frédéric Michalak, à peine entré en jeu, qui l’a apporté sur une percée de quarante mètres avant de servir Jauzion pour le deuxième essai tricolore. Transformation d’Elissalde et la France passe en tête pour la première fois (20-18). ..
Héroïques, ils les français) ont passé les cinq dernières minutes à défendre dans une ambiance irrespirable. Sans lâcher. Une fois de plus, les Français ont réussi l’impossible, au terme d’une rencontre admirable. Ivres de bonheur, ils pouvaient laisser exploser leur joie au coup de siffler libérateur de Monsieur Barnes, alors que les Blacks rentraient au vestiaire la tête basse...
Le Xv de France :
15 D. TRAILLE
14 V. CLERC - 13 D. MARTY - 12 Y. JAUZION - 11 C. HEYMANS (C. DOMINICI 70e)
10 L. BEAUXIS (F. MICHALAK 68e) - 9 J. ELISSALDE
8 J. BONNAIRE - 7 T. DUSAUTOIR - 6 S. BETSEN (I. HARINORDOQUY 5e)
5 J. THION 4 - F. PELOUS (S. CHABAL 52e)
3 P. DE VILLIERS 2 - R. IBANEZ (c) (D. SZARZEWSKI 52e) - 1 O. MILLOUD (J. POUX 41e)