Le temps de la nécessité

Publié le 27 février 2009 par Collectifnrv

Salle d’attente d’un médecin. J’entre et salue les patients. Je m’assieds à côté d’un vieil homme accompagné de son fils, il me raconte : «  Il fût un temps où les patrons étaient fiers de leurs entreprises, ils y étaient même attachés. Je vous assure que le Président quand il nous croisait, il s’avançait pour nous serrer la main. Et mieux, il connaissait nos noms. Ils n’avaient pas la même mentalité les patrons à mon époque. (Je  parviens à lui demander où il travaillait car il monologuait : Chez Michelin)

C’est simple, mon seul salaire permettait de tout payer, le loyer, de nous habiller et de partir en vacances. Je vous dis ça, mon épouse ne travaillait pas, elle s’occupait des enfants. Quatre fils, c’était du boulot. La pauvre, elle est tombée malade, elle est morte, je me suis retrouvé seul, il y a bientôt 5 ans.

Pour la maison, nous nous équipions au fur à mesure, les appareils ménagers étaient faits pour durer. On a jamais pris de crédit, d’ailleurs on se méfiait de ces trucs là, et puis on achetait quand on avait besoin… Maintenant, les gens veulent une cuisine à la mode (il rit en disant cela, cette idée lui semble grotesque). Vous vous rendez compte ?»

Arrive son tour, le fils a refermé le livre qu’il feignait de lire, il interrompt brusquement son père en me jetant un regard de compassion désolé. Je lui adresse un geste de la main (il ne m’a pas dérangé du tout). J’extirpe mon carnet de mon sac, je dois noter, tout noter. J’ai envie d’en faire un billet.

Les propos de cet homme m’intéressent.

Cette vie paisible, nombre de continents ne l’ont jamais vécu.

Le monde vient de faire une embardée.

La futilité d’une Rolex pour le poignet d’une poignée versus l’enfer sur terre pour des millions d’individus.

Et les pays, jusqu’ici, à peu près préservés par la faim prennent des mesures comparables à celles des pires moments de l’histoire des peuples. (lire là aussi)

La faim dans le monde, sans fin.

Agathe