Depuis lundi, rares sont les tabacs presse qui vendent les coupons de recharges SFR : l’opérateur de téléphonie mobile a décidé de réduire leurs commissions.
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C’est comme une punition ! », s’insurge Pierre Cornille, président du Syndicat réunionnais des tabacs presse. Raison de ce mécontentement : une nouvelle tarification mise en vigueur sur les recharges depuis le 1er janvier par SFR et son prestataire, SAS Distel : l’entreprise de téléphonie mobile souhaitant aligner ses marges par rapport à la métropole.
Depuis ce jour, les buralistes ont vu leurs marges passer de 6,5% à 5% sur la vente de cartes de la marque. Pour l’achat d’une recharge de 10 euros, ces derniers ne touchent plus que 50 centimes au lieu des 65 centimes. Une baisse non négligeable selon les buralistes vu le grand nombre de clients de « la carte » à la Réunion.
Se sentant lésé et n’ayant pas étéconcerté, le Syndicat réunionnais des tabacs presse a donc appelé à un mouvement de boycott à compter de ce lundi. « On a eu connaissance de ce nouveau tarif seulement trois jours avant qu’il ne soit mis en vigueur, le 28 décembre. Ce procédé est déplorable ! », estime Pierre Cornille.
Selon le syndicat,150 tabacs presse sont concernés par ce mouvement, et de ce fait auraient cessé de vendre les fameuses recharges.
Autre raison de ce mécontentement, « Des tarifs discriminatoires », selon le président du Syndicat alors que « le travail est le même ». Mais on n’en saura pas plus au sujet de ce problème interne. Plusieurs courriers ont été adressés à SAS Distel pour « une revalorisation des marges » et « une harmonisation des tarifs » pour tous les revendeurs. En vain, aucunediscussion n’a été engagée avec la société. Pour sa part, SFR ne s’exprime pas, même si son image pourrait être indirectement touchée s’il y a persistance du conflit. « Tant qu’il n’y aura pas de dialogue, nous poursuivrons ce mouvement », persiste Pierre Cornille. Une plainte a d’ailleurs été déposée à la Direction départementale de la concurrence et de répression des fraudes « pour abus de position dominante et de tarifs discriminatoires ».
Philippe Nativel, gérant du Lotophil’ à Petite-Ile, comprend tout à fait ses collègues. Même s’il ne participe pas à ce mouvement, il pense que ce n’est pas une « mauvaise chose ». « Si toutes les marges sur les produits que nous vendons diminuent, ce sont nous, petits commerçants, qui en pâtissons à long terme ».
« Pas une mauvaise chose »
Pour chacun des produits mis en vente, les buralistes perçoivent une commission : tabac, magazines et journaux, voire Loto, PMU, coupons de recharges… Un buraliste reçoit 10% sur la vente de tabac. « Pour ma part, c’est surtout le Loto et le PMU avec 5% et 2% de marges, qui rapportent le plus, suivis de la vente de boissons », explique Philippe Nativel.
Selon Pierre Cornille, ce sont les articles cadeaux, les confiseries, les piles ou appareils photos qui rapportent davantage. « La vente de cigarettes marche très bien mais c’est surtout avec ma librairie que je m’en sors », indique pour sa part un buraliste du Sud. Son chiffre d’affaires annuel : entre 500 000 et 1 million d’euros.
Émilie SORRES
Etudiante en journalisme à Info-Com