Sans être de vieilles dames, les deux « Befana » du Ponton ont déjà beaucoup vécu et leur voix est imprégnée de mélancolie. Davantage, le spectateur, lecteur, décèle une brisure dans leurs propos, la marque d’un détraquement initial qui explique une bonne part de ce qu’elles sont devenues ensuite. Laissons leur la parole au moment de l’épilogue, après le départ de Gigi et de l’Americana...
Carolina : elle sourit, de plus en plus émue. Je revois la scène, le jour de mon retour… C’était comme dans un conte de Pirandello… Il faisait très chaud, le sirocco soufflait… Pour me faire plaisir, elle m’a proposé un plat de polenta pour le dîner et des cédrats de Sicile… Longtemps, je l’ai serrée dans mes bras, puis je suis montée au grenier, j’ai enfilé une vieille jupe et je suis venue l’aider à préparer la polenta… Jamais on n’a travaillé la pâte comme je l’ai travaillée ce jour-là !... Je la tournais, la retournais, la tordais, et la malaxais avec acharnement.
Elles se sont rapprochées l’une de l’autre. Elles sanglotent légèrement. Carolina sèche les yeux de Francesca.
Carolina : on est bien toutes les deux !... On a bien fait de prolonger sur la scène ce que la mamma nous a appris…
Francesca : on a bien fait, ma Carolina… On a vraiment bien fait… Et on s’en sort pas mal toutes les deux !... Je crois qu’elle serait fière de nous…
Carolina : il vaut mieux qu’on soit deux, tu sais Francesca, il vaut
mieux qu’on soit deux… Il n’y a personne après nous…
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