_L'album est copieux et enchaîne des titres tous aussi étonnants les uns que les autres, intelligemment contextualisés par un livret particulièrement soigné. Paroles et arrangements ont toujours, en effet, quelque chose de plus ou moins décalé, par rapport à la norme yéyé ; mais ça reste dans l'ensemble trés dansant, et pas du tout expérimentalo-rébarbatif. Il y a les proto-groupes, comme Zorgones, ancêtre de Magma, où évoluent des pointures comme Laurent Thibault (qui collaborera plus tard avec Bowie et Eno sur Low). Des embryons d'albums morts-nés, pour cause de producteur en cavale, comme l'excellent "Maintenant je suis un voyou", de Bruno Leys, qui, de dépit, deviendra illustrateur de pochettes de disque. Sans oublier Chorus Reverendus, avatar français sous acide des Mama's and Papa's, ou Guy Skornik, multiprimé au conservatoire national supérieur de musique de Paris, et reconverti dans la pop poético-hystérique, avant d'écrire pour les autres. _
L'album nous propose une expérience singulière. On se met immédiatement à danser quelque chose qui ressemble au twist de nos parents, mais ce qu'on entend est à mille lieux de la futilité décérébrée d'une Sheila, ou de la platitude mièvre d'un Adamo. Les arrangements sont, d'abord, autrement plus aventureux, tout en préservant un vrai sens du rythme. Les anomalies sonores sont, ensuite, nombreuses : dissonances, hurlements et cuivres hystériques sur l'halluciné "Des arbres de fer" de Guy Skornik, ondes Martenots (sorte d'ancêtre du synthétiseur) chez Bruno Leys. Les paroles, enfin, épuisent les possibles en matière de provocation : expériences érotico-chimiques fumeuses, inspirées de Reich (Zorgones), hypersensibilité trash pour Brigitte Fontaine ("Je suis inadaptée"), débilité volontaire et parodique pour Jean et Janet ("Je t'aime normal") , je m'enfoutisme érigé en principe éthique pour San Antonio ("J'aime ou j'emm..."), surréalisme outré pour Guy Skornik Un directeur audacieux est à l'origine de bon nombre de ces titres, Richard Bennet, que Polydor remerciera élégamment , à cause d'un excès d'audace commercialement peu rentable. La compilation, d'ailleurs, lui est dédiée._En bref : Peut-on danser le twist sans avoir l'air con ? Réponse : Ouizzz! Un hommage mérité à la contre-culture pop des sixties françaises. J'en connais qui vont bouger leur derrière sans pudeur aucune.
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_ Seul document dispo sur You tube (c'est dire!) :