Mais c'est un jour saint : un jour de jeûne et d'abstinence.
Jour d'abstinence, cela veut dire ne pas manger de viande.
Jour de jeûne, ne veut pas dire ne pas manger du tout. Mais faire un seul repas frugal et se contenter de quelque chose de léger, le soir par exemple. Le jeûne ne fait pas mourir. Au contraire, dans la Bible, il est un geste qui sauve (Ninive a été protégée de la destruction, par le jeûne de ses habitants, en réparation de leur perversion). Le Christ nous dit qu'il y a des démons qui ne se chassent que par le jeûne et la prière.
Le jeûne est une obligation, le mercredi des Cendres et le Vendredi saint. Une obligation un commandement. C'est commettre une imprudence grave, et donc un péché grave de ne pas le pratiquer, car c'est ne pas s'appliquer le « régime » qui peut sauver l'âme, comme une maladie se guérit par une « régime » parfois très strict!
L'abstinence de viande est, elle aussi, une obligation le mercredi des Cendres et le Vendredi saint.
En vertu du principe "peccat caro, purgat caro" [c'est-à-dire ; nous avons péché avec notre corps (corps et âme, notre personne tout entière), nous réparons avec notre corps « le corps a péché, le corps répare par une purification »] .
Comme celui qui souffre de diabète, par exemple, s'abstient de sucre. Ou celui qui souffre de cholestérol doit s'abstenir de ce qui est gras, et de tout ce qui pourrait augmenter son cholestérol... Un régime sérieux s'impose ainsi pour réparer une anomalie du corps, ou des excès faits avec notre corps ou une maladie grave. Le péché est une maladie grave, pîre que la lèpre, rappelait le Saint-Père, c’est une paralysie de l’âme disait-il encore !
L'abstinence de viande est obligatoire également pour tous les vendredis de carême.
Il faut toutefois noter que l'abstinence de viande, si elle est OBLIGATOIRE pour tous les vendredis de carême, ne peut être substituée par autre chose.
Mais, il faut noter aussi qu’elle n'a pas été supprimée pour les autres vendredis de l'année. L'obligation demeure, de faire abstinence de viande chaque vendredi. C'est un commandement, important, qui demeure en vigueur.
MAIS, étant donnés les changements dans le genre de vie, l'Eglise, tout en maintenant cette obligation, PERMET que cette pratique de l'abstinence soit remplacée, substituée par autre chose le vendredi, une aumône, un effort de prière (la messe, le Chemin de Croix, etc.,) ou remplacée par l'abstinence de viande un autre jour.
Si un fidèle ne remplace pas, ne substitue pas l'abstinence de viande par autre chose, il manque au commandement grave, lequel reste en vigueur.
L'abstinence du vendredi s'est perdue, c'est vrai, mais souvent par la négligence (ou l'ignorance) des prêtres, lesquels n'ont pas pris soin d'en infromer les fidèles. Nous devons retrouver cette pratique. Et si vous ne pensez pas pouvoir remplacer cet acte de pénitence par autre chose, ou un autre jour, conservez cette pratique séculaire de l'abstinence de viande chaque vendredi. Sans quoi, vous devez vous en confesser. Qui y songe?....
Bon et saint Carême
Mgr J. Masson
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Petits rappels utiles
Le Catéchisme de l'Eglise catholique
1431 La pénitence intérieure est une réorientation radicale de toute la vie, un retour, une conversion vers Dieu de tout notre cœur, une cessation du péché, une aversion du mal, avec une répugnance envers les mauvaises actions que nous avons commises. En même temps, elle comporte le désir et la résolution de changer de vie avec l’espérance de la miséricorde divine et la confiance en l’aide de sa grâce. Cette conversion du cœur est accompagnée d’une douleur et d’une tristesse salutaires que les Pères ont appelées animi cruciatus (affliction de l’esprit), compunctio cordis (repentir du cœur) (cf. Cc. Trente : DS 1677-1678 ; 1705 ; Catech. R. 2, 5, 4).
1434 La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées. L’Écriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : le jeûne, la prière, l’aumône (cf. Tb 12, 8 ; Mt 6, 1-18), qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. A côté de la purification radicale opérée par le Baptême ou par le martyre, ils citent, comme moyen d’obtenir le pardon des péchés, les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de pénitence, le souci du salut du prochain (cf. Jc 5, 20) l’intercession des saints et la pratique de la charité " qui couvre une multitude de péchés " (1 P 4, 8).
1438 Les temps et les jours de pénitence au cours de l’année liturgique (le temps du carême, chaque vendredi en mémoire de la mort du Seigneur) sont des moments forts de la pratique pénitentielle de l’Église (cf. SC 109-110 ; cf. CIC, can. 1249-1253; CCEO, can. 880-883). Ces temps sont particulièrement appropriés pour les exercices spirituels, les liturgies pénitentielles, les pèlerinages en signe de pénitence, les privations volontaires comme le jeûne et l’aumône, le partage fraternel (œuvres caritatives et missionnaires).
2043 Le quatrième commandement [de l'Eglise] ("Aux jours de pénitence fixés par l’Eglise, les fidèles sont tenus par l’obligation de s’abstenir de viande et d’observer le jeûne") assure des temps d’ascèse et de pénitence qui nous préparent aux fêtes liturgiques et nous disposent à acquérir la maîtrise sur nos instincts et la liberté du cœur (cf. ⇒ CIC, can. 1249-1251; CCEO, can. 882).
Code de droit canonique
Can. 1249 - Tous les fidèles sont tenus par la loi divine de faire pénitence chacun à sa façon; mais pour que tous soient unis en quelque observance commune de la pénitence, sont prescrits des jours de pénitence durant lesquels les fidèles s'adonneront d'une manière spéciale à la prière et pratiqueront des oeuvres de piété et de charité, se renonceront à eux-mêmes en remplissant plus fidèlement leurs obligations propres, et surtout en observant le jeûne et l'abstinence selon les canons suivants.
Can. 1250 - Les jours et temps de pénitence pour l'Église tout entière sont chaque vendredi de toute l'année et le temps du Carême.
Can. 1251 - L'abstinence de viande ou d'une autre nourriture, selon les dispositions de la conférence des Évêques, sera observée chaque vendredi de l'année, à moins qu'il ne tombe l'un des jours marqués comme solennité ; mais l'abstinence et le jeûne seront observés le mercredi des Cendres et le Vendredi de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur JésusChrist.
Can. 1252 - Sont tenus par la loi de l'abstinence, les fidèles qui ont quatorze ans révolus ; mais sont liés par la loi du jeûne tous les fidèles majeurs jusqu'à la soixantième année commencée. Les pasteurs d'âmes et les parents veilleront cependant à ce que les jeunes dispensés de la loi du jeûne et de l'abstinence en raison de leur âge soient formés au vrai sens de la pénitence.
Can. 1253 - La conférence des Évêques peut préciser davantage les modalités d'observance du jeûne et de l'abstinence, ainsi que les autres formes de pénitence, surtout les oeuvres de charité et les exercices de piété qui peuvent tenir lieu en tout ou en partie de l'abstinence et du jeûne.