Je repensais aux romans de James Ellroy, à son lien avec Los Angeles, à sa part d’ombre, à ces destins de jeunes femmes venant à Hollywood pour réussir, se prostituant, se donnant à des producteurs verreux, espérant réussir. Ellroy raconte formidablement ces lignes de vie, la façon dont les rêves de jeunes filles se matérialisaient ou s’effondraient dans le monde des masses médias. Le cinéma c’était cela, des jeunes femmes et des vieux producteurs, des intermédiaires entre elles et l’écran, le public. Elles voulaient devenir des images sans doute éternelles, briller, être projetées, mais il y avait quelque chose d’opaque entre leurs visages et les écrans, il y avait ces hommes et ces histoires sordides.
“Dance with me” raconte peut être la fin de ce monde. Ce sont en effet, des jeunes femmes dont les gestes et les danses se répandent de proche en proche sur le réseau puisqu’elles s’inspirent les unes des autres (comment un corps peut-il être d’un autre corps? Est-ce la question du rite?). Mais ce sont surtout des femmes qui se filment et se diffusent, elles sont cinéastes et productrices, diffuseuses et réceptrices, elles sont tout le circuit de production hollywoodien. Elles n’ont besoin de personne. Le vieux producteur a perdu son pouvoir. Il ne fait plus parti des rêves des filles. Il faut bien plonger son regard dans ce changement de relation entre les corps et les images, comprendre ce que cela produit de pouvoir ainsi se donner en image sans autre décisionnaire que soi-même. Quelque chose se donne là qui ne s’était jamais donné.
Dance with me (2007)