La fille aux bonbons

Publié le 26 février 2009 par Tetedechat
Fini les grands hôtels, villas et piscine privée... Nous venons de dire au revoir à mon père et ma petite soeur (qui partent en même temps), et nous reprenons la route à quatre vers le delta du Mékong. Arrêt à Ben Tré, toute petite ville en bord de fleuve, rien de spécial, mais Hihi et moi nous y sentions bien, calme, et les gens bien plus agréables qu'au nord. Pour mon frère et Ophelie, je sens que le mode "backpacker" leur plaît beaucoup moins...
Nous partons en ballade à bateau, un couple très souria
nt nous amène à bord de leur modeste embarcation pour 2/3 heures de navigation.
Le temps n'est pas au beau fixe, et il faut le dire, rien de vraiment spectaculaire à voir. Ah si, les branches que je me suis prit à travers la tronche, elles je les ai bien vu!.. Heureusement tout au long de la traversée les "hellos" de la main ou du bras, n'en finissaient pas, vraiment l'opposé d'Hanoi, enfin des gens chaleureux et ça fait plaisir.

Juste avant d'embarquer, le "guide" nous avait amené dans une fabrique de bonbons. Des bonbons noix de coco aromatisés à la banane, au durian ou même au chocolat. Ce jour là c'était "banane", il y en avait partout! Les étapes de préparation sont très simple, d'abord récupérer le lait de coco, le mixer avec du sucre et de la banane, chauffez le tout sans arrêter de mélanger (peut-être la seule étape automatisé), puis vous obtenez une pâte maniable, que vous coupez en petits dès.

En fait le plus laborieux c'est de les emballer un par un, et à la main...
Pour cela les employées sont 100% féminine, autour d'une grande table, papiers à la bouche, elle doivent empaqueter entre 500g et 1Kg de bonbons/heure.
Tout cela n'aurai rien d'extraordinaire, si l'une d'elle ne dépassait pas les 12 ans... Je demande étonné:
-Mais elle ne va pas à l'école?!
-Euh... Non...
-Ben pourquoi?

-C'est trop chère...
-Comment ça c'est trop chère?! Le Vietnam est un pays communiste, et tout le monde n'a pas droit à une éducation?
-Si... L'école est "pratiquement" gratuite, mais les fournitures, les
cahiers, les crayons, les tenues, ... ne sont pas fournis... Ca coûte plusieurs centaines de dollars par an, beaucoup de parents ne peuvent pas se le permettre...
-...
-...en fait, elle a de la chance, car elle a un travail correct et un salaire qui l'est aussi, beaucoup d'enfants traînent ou mendient dans les rues, alors à choisir...
Me voila de nouveau perdu... Pour un occidental, faire travailler un e
nfant est inconcevable. Mais si il est plus heureux? Si il est bien traité (je veux dire: pas exploité), et que grâce à ça il puisse manger à sa faim? Si le choix se limite à: la rue ou travailler? Est-ce vraiment "mal" qu'un enfant travaille? Bien sure on pourrait crier à l'injustice, et sommer le gouvernement du pays en question de donner une éducation "totalement" gratuite, mais en attendant? Qu'est-ce qui est vraiment mieux pour eux?..
Je ne sais pas... Je ne sais plus... Ce voyage est surprenant à tout les niv
eaux,car chaque jour, je dois balayer mes certitudes qui tombent l'une après l'autre en morceaux...
En tout cas ce que je sais, c'est que son sourire n'était pas forcé, et que son regard en disait long, assez pour que je sois rassuré sur son sort, assez pour accepter sa place dans cette fabrique.
Quant je pense à la Birmanie où les jeunes risquent le tout pour le tout pour traverser la frontière afin d'accéder à une éducation, ou encore à l'Afghanistan où les écoles sont détruites par les talibans car elles accueillent des ...filles. Je conforte encore une fois l'idée, que c'est vraiment une chance d'être français.