Le Festival Off de Deauville, ce ne sont pas que des démonstrations culinaires.
Une large place est accordée aux vignerons. Cette année, ils étaient un peu plus d'une centaine venus de toutes les régions viticoles de France pour faire goûter leurs derniers millésimes et/ou quelques perles rares du passé nichés dans le fond d'une cave.
Défenseurs du vin nature, du vin bio, en conversion, ou ni l'un, ni l'autre, ces vignerons avaient à coeur de partager leur passion et de présenter leur savoir-faire. Parmi eux, quelques "stars", souvent chroniquées sur ce blog comme Elian da Ros (Côtes du Marmandais), Jean-Marie et Cathy Le Bihan (Côtes de Duras), Magali Tissot (Buzet), Jean-Paul Brun (Beaujolais) et Eric Dubois du Clos Cristal à Saumur. Et puis, des dizaines de découvertes comme Lapallu en Beaujolais, Sébastien Riffault (Sancerre), Geoffroy Marchand en Corbières et deux vignerons attachant pour l'un, illuminé pour l'autre.
L'attachant : Loïc Mahé - Domaine du Gué d'Orger - Ste Gemmes sur Loire
Ingénieur de formation, Loïc se morfondait dans un bureau dédié à la formation professionnelle. Son doux secret, c'était de posséder un jour des vignes. Pendant deux ans, il cherche, finit par trouver et négocier un temps partiel au bureau pour se consacrer à cet hectare (il en possède 5 aujourd'hui) et travailler en parallèle chez un vigneron pour tout apprendre sur la vigne et le vin.
Situé sur les deux rives de la Loire, son vignoble, en conversion bio depuis 2008, donne naissance sur la rive Sud à de l'Anjou Villages Brissac, de l'Anjou Rouge et des Coteaux de l'Aubance et sur la rive Nord à un vin blanc, le Savennières.
Parmi les cuvées à découvrir : le Savennières "Sectilis Terra" 2005 (30 €), un blanc sec puissant et racé, élevé 18 mois en fût de chêne. Seulement 900 bouteilles cirées ont été produites et à ce jour, il n'en reste que 500. Toujours en Savennières, la cuvée "Les Fougeraies" (13 €) et "Equilibre" (18 €), élevé 24 mois en fûts de chêne. Puissant et boisé, il possède plus de matière que les Fougeraies. Enfin, si vous aimez le rosé, osez sa "Gourmandise" (6 €). Robe groseille, vin légèrement moelleux, très porté sur le fruit, presque pas vineux. En résumé, un rosé vraiment pas comme les autres que l'on pourait classer sans être péjoratif dans la catégorie vin de soif estival. Pour conclure sur les vins de ce personnage humble et attachant, la cuvée "Fleur de Nuit", un rouge légèrement moelleux, 100% Cabernet franc...produit par erreur comme le souligne Loïc. Une erreur gourmande à 10 € dont il ne reste que 500 bouteilles.
Si vous habitez Paris, les vins de ce domaine sont au Garde Robe (41, rue de l'Arbre Sec - Paris 1er). Sinon, direction Ste Gemmes sur Loire (49) au Domaine du Gué d'Orger (Lieu-dit La Piquellerie). Tél. : 02 41 48 01 63.
L'Illuminé : Andréa Calek - Ardèche
Andréa est Tchèque et il a vinifié son premier vin dans son pays natal en 1986, il n'avait que seize ans. Arrivé en France, il décide de travailler dans le monde du vin avant de s'envoler pour le Brésil. Sauf que quelques jours avant le départ, il croise une Niçoise. Il ne verra jamais le Brésil
mais les Baux de Provence où il conseille quelques vignerons avant de devenir conseil en négoce et de rejoindre l'Ardèche où il déniche 4 ha sur les terres d'un vigneron qui "l'héberge", le GAEC du Mazel à Valvignières.Sur ces 4 hectares, il produit 4 cuvées très prometteuses. Gageons que l'on entendra parler de ce vigneron décalé dans quelques mois ou années. Première cuvée : Babiole (40% Carignan, 40% Syrah et 20% Grenache). Deuxième cuvée, Blonde 008. Troisième cuvée, "Blanc" à base de Viognier et de Chardonnay et quatrième cuvée "Châtons de Garde", 100% Syrah qu'il déconseille aux Chiennes de Garde d'Isabelle Alonso...c'est noté sur l'étiquette.
Ses vins sont disponibles à Paris chez Racines (8, passage des Panoramas dans le 2e), au Verre Volé (67, rue Lancry dans le 10e) et au Baratin (3, rue Jouye Rouve dans le 20e).