Mon humble avis: J'étais impatiente et curieuse de lire une oeuvre de cette auteure. Je l'avoue sans honte, sa "peopolarisation" de ces dernières années n'y est pas pour rien. Mais j'ai aussi vu Amanda Sthers lors de la rentrée littéraire alors qu'elle présentait son dernier né : "Keith me" dans l'émission café littéraire. Là, elle m'a bluffée de classe, de caractère, d'érudition et d'aisance dans son élocution. Ma curiosité était attisée et la sélection du Prix des Lecteurs Livres de Poche 2009 s'est chargé de la satisfaire.
C'est un très beau portrait, très touchant, que nous livre ici Amanda Sthers, celui de Madeleine. D'ailleurs, son prénom est souvent répété, comme pour représenter le côté répétitif, organisé, banal, triste et surtout morne de sa vie de célibataire dans le Finistère. Le style est en douceur et pudeur et parfois saccadé. La cruauté de la vie apparaît dans la crudité de certains mots et de quelques scènes une fois encore dérangeantes. Comme si de la lecture on devait revenir dans le quotidien, la réalité. Pourquoi ?? Il règne dans cette écriture une atmosphère mélancolique, comme peut en provoquer un crachin breton qui ne cesse pas. Les phrases sont souvent courtes... Comme par brouillard, on n'y voit pas à trois mètres.
Ce n'est pas un livre sur une fille pour les filles loin de là. Ce roman peut-être lu par tous pour comprendre, ne pas juger, ou se sentir compris(e).
Pour moi, le sujet principal de ce livre concerne foule d'entre nous... les célibataires qui approchent la quarantaine seul(e)s, sans vraiment s'expliquer pourquoi... Ces célibataires qui n'ont jamais su aimer ou se laisser aimer, peut-être parce qu'on ne leur a pas appris, peut-être par manque de confiance... Des coeurs trop ouverts ou trop fermés. Peut-être aussi comme Madeleine ne leur a t-on pas dit qu'ils étaient beaux ou qu'elles étaient belles malgré leurs éventuels défauts. Bref, ces célibataires prêt(e)s à tout pour guérir leur plaie ouverte qui suinte de solitude, de manque d'amour spirituel et sexuel et qui sont prêts à supporter l'insupportable pour panser leur plaie, en pensant être sur le bon chemin bien entendu...
C'est ce que fait notre héroïne lorsqu'elle croise et laisse entrer ce parisien dans sa vie. Comme Madeleine, il doit affronter un deuil, celui de son père. Madeleine, elle, c'est le deuil du temps qui passe. Ce sont deux souffrances qui se soignent d'une curieuse façon. Mais, malgré la mélancolie et une certaine tristesse qui longe l'histoire de Madeleine, il en ressort de l'optimisme.... Le temps, une rencontre, le déclic, l'acceptation de soi, le combat de ses peurs, l'ouverture consciente ou inconsciente de son coeur et de sa vie.... Toutes ces petites choses qui font que parfois tout peut arriver...
En résumé : Un beau livre, un portrait émouvant d'une femme très contemporaine... J'ai été très touchée par ce livre aussi car je "rentre" dans certains critères qui font que je pourrais être une Madeleine.
Livre lu dans le contexte