Pour son premier film avec un Chabrol qui a écrit le rôle pour lui, Gérard Depardieu est assez savoureux de bonhommie pantouflarde, commissaire casanier qui sort enfin de sa routine pour une dernière enquête. Le couple qu'il forme avec la douce Marie Bunel est l'un des vrais points forts d'un film sachant se faire tendrement vache. Quant à Jacques Gamblin, dans un rôle multiple pas franchement évident, il n'est visiblement pas aussi à l'aise que d'habitude mais joue habilement de son regard perçant. Cornillac fait du Cornillac, mais il le fait plutôt bien ici. Dommage que tous les efforts mis en oeuvre soient au service de cette toute petite intrigue dont on comprend difficilement qu'elle donne lieu à un film d'une heure cinquante.
Car on connaît quasiment les tenants et les aboutissants de l'enquête policière en à peine trois quarts d'heure, le reste n'étant que rabâchage et coupage de cheveux en quatre. Quant aux rapports conflictuels entre Bellamy et son frère, ils sont plus intéressants mais ne trouvent pas vraiment leur place dans l'ensemble. Heureusement que Bellamy est un Chabrol plutôt rigolard, tranchant avec le relatif sérieux de ses derniers films : cela permet de faire passer le temps plus vite, d'apprécier les échanges entre des acteurs ravis d'être là, et de dédramatiser le relatif échec du film à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. « Il y a toujours une autre histoire, il y a plus que ce que l'oeil peut saisir », nous dit le film en guise de conclusion. Seulement voilà : la seconde lecture envisagée par cette citation de W.H. Auden (poète et critique britannique, merci Wikipedia) semble bien difficile vu la maigreur du matériau de base.
4/10