Les paradoxes s'enchaînent. Les données m'échappent. C'est Bpitch Control qui a sorti cet album. Le label de la techno minimale et froide a sorti, sous des photographies splendides et désolées, l'album le plus dense et aérien de Telefon Tel Aviv. On dirait un exercice de style, un travail sur le son, mais les formes sont instinctives. Ce son est épais et volatile, le corps en est épris. Les couches de synthés sont autant de nappes de brouillard. Et par temps clair, c'est la lumière qui embrumit les yeux. J'y marche le regard perdu. "You are the worst thing in the world" émerge, ses contours s'effacent dans un clair obscur crépusculaire. Une pop song atemporelle, à la mélancolie éternelle. La tristesse durera toujours. Immolate Yourself, ce sont de grandes chansons qui s'envolent, et s'évaporent derrière les nuages et les fumées chaudes des industries. Les voix souvent en disparaissent complètement. Je n'en ressens alors que le souffle.
Et là-dessus, le temps n'a pas de prise. Encore une fois je n'ai rien vu passer. "Immolate Yourself," la chanson, magnifique, s'achève. Avec elle, Immolate Yourself, l'abum, magnifique, aussi. Le verbe manque, parce qu'on passe à la phrase nominale. Feu Charlie Cooper. Telefon Tel Aviv est un duo électro de la Nouvelle-Orléans, dont l'une des moitiés n'existe plus. Charlie Cooper est décédé il y a un mois, deux jours après la sortie de Immolate Yourself.
En bref : Sublime. Une errance électro pop brumeuse et atemporelle, dont les voix viennent de loin, repartent, et ne reviendront pas._