En salles (bientôt) : Les premières projections de Watchmen Les Gardiens (découvrez ici notre dossier : trailer, photos, infos...), l'un des films les plus attendus de ce début d'année 2009, ont eu lieu en France. Pour les médias et d'heureux blogueurs. J'ai donc vu le film de Zack Snyder et je me suis pris une grosse claque. Dans un genre complètement différent de The Dark Knight, Watchmen redéfinit totalement les films de super-héros et plus généralement, les adaptations de comics. Il les fait entrer dans l'âge adulte, comme le graphic novel d'Alan Moore et Dave Gibbons l'avait fait en son temps. Mais confiner Watchmen à un "film de super-héros" serait trop réducteur : c'est un excellent film qui parvient à concilier les pures scènes d'action du cinéma de genre hollywoodien avec une réflexion, j'ose, philosophique sur la société, la morale, la justice, la démocratie, l'humanité...
Evidemment, le "message" du film, sa profondeur est largement à mettre au crédit d'Alan Moore, le génial scénariste de Watchmen la BD. Mais rendons grâce à Zack Snyder d'en avoir compris toute l'importance et de ne pas avoir cherché à l'amoindrir ou à le passer sous silence. Idem pour la violence et la sexualité - très crus. Les thèmes du comic book, publié il y a plus de vingt ans, sont toujours d'actualité. Ils étaient mêmes sacrément visionnaires !
Snyder's touch
Pour autant, Snyder n'a pas sacrifié la forme au fond. On retrouve la Snyder's touch : une mise en scène très fluide et inventive avec beaucoup de ralentis, notamment lors des scènes d'action. Cette "esthétique de la violence" rappelle celle de Sam Peckinpah, Sergio Leone et Brian DePalma, autres géniaux dompteurs (et "ralentisseurs") du temps sur pellicule. Ce procédé donne un caractère grandiloquent à nombre de séquences. Watchmen est filmé comme un opéra.
Car n'oublions pas que, comme tout grand cinéaste, Snyder associe image et son avec maestria. La bande originale du film (Nat King Cole, Bob Dylan, Philip Glass, Jimi Hendrix, Simon & Garfunkel, Leonard Cohen...) est d'ailleurs un petit bijou. Si les effets spéciaux sont omniprésents et très bien intégrés à l'ensemble, Snyder n'a pas fait le choix du tout CGI, comme il l'avait fait pour 300. D'où de nombreux décors grandioses qui plongent le spectateur dans cette époque alternative des années 80.
Casting de choix
Restait à donner vie aux Watchmen. Snyder a fait le bon choix de recruter des acteurs relativement peu connus du grand public. Les personnages n'en sont que plus crédibles. Les performances les plus marquantes, à mon sens, sont celles de Jackie Earle Haley (Rorschach), Jeffrey Dean Morgan (Le Comédien) et Patrick Wilson (Le Hibou). Le premier parce qu'il parvient à faire passer les émotions d'un justicier sociopathe masqué la plupart du temps - et quand il n'est pas masqué, il est encore plus flippant ! Le second parce qu'il parvient à rendre sympathique une ordure fasciste de la pire espèce. Le troisième parce qu'il interprète avec brio un justicier paumé, un loser un peu nerd sans son costume - le seul à se poser des questions sur le bien-fondé des actes des Watchmen.
Billy Crudup (Dr Manhattan) réussit quant à lui l'exploit à faire vivre un personnage impassible, d'un calme olympien, détaché du monde... Carla Gugino (Le Spectre Soyeux I) incarne une ex-justicière, une retraitée de l'action qui noie son ennui dans l'alcool. Une sorte de Bette Davis amère et perdue dans son passé glorieux.
Malin Akerman (Le Spectre Soyeux II) est un peu en dessous, question performance : c'est en partie dû à son personnage, moins fort que d'autres. Mais elle assure quand il s'agit de botter le cul des vilains en combinaison moulante en latex et talons aiguilles ! Le moins qu'on puisse dire est qu'elle donne de son corps ! Enfin, Matthew Goode (Ozymandias) manque cruellement de charisme. C'est la seule erreur de casting...
Quel accueil ?
Autre reproche que je ferai au film : il est un poil trop long. Même s'il ne reprend pas tout le récit de la BD, Snyder aurait pu raccourcir certaines séquences ici et là. Mais globalement, on ressort de la salle avec des images gravées dans la tête. Le début du film est génial et le générique est tout simplement l'un des meilleurs que j'ai jamais vus. Il passe en revue l'histoire des justiciers masqués sur The Times They Are A-Changin' de Dylan et c'est tout simplement superbe.
Le public français saura-t-il faire un accueil digne de ce nom à ce film exigeant et spectaculaire ? Je l'espère mais je n'en suis pas certain et je le regrette car putain, c'est du pur cinéma !
A lire également, les impressions de Kinoo (que je salue !) suribwk.fr
Anderton