«On ne prête qu’aux riches» !… Ne pensez pas que j’ai piqué le titre de Libé : je viens seulement de lire l’article… C’est le titre que j’ai noté hier soir sur mon bloc-notes de travail avant de fermer boutique vers 22 heures.
Non sans avoir préalablement laissé un commentaire sur l’article du Monde qui se terminait prémonitoirement par : Comme tout finit par se savoir, ce serait suprê-mement amusant d’apprendre dans quelques jours que ce n’était «même pas vrai» ! Il n’aura pas fallu «quelques jours» : pas même une journée ! Avouez que Mémé Kamizole a eu le nez creux…
En effet, en entendant hier après-midi sur France-Info que Nicolas Sarkozy avait affirmé fort péremptoirement que – selon l’avis de la «Commission de déontologie» - la nomination de son actuel conseiller économique à la tête du nouveau groupe bancaire né de la fusion – pilotée depuis l’Elysée ! – entre la Caisse d’Epargne et la Banque Populaire ne posait pas de problème de déontologie - il m’étonnerait au demeurant que Nicolas Sarkozy connût le sens et la portée du mot déontologie ! - ni de conflit d’intérêts (j’y reviendrais) je n’ai pu m’empêcher de penser : c’est certainement un (nouveau) gros mensonge !
Hier soir, j’étais trop fatiguée pour faire autre chose que chercher les quelques articles qui traitaient du sujet. Et ne m’apprenaient guère plus que ce que j’avais déjà entendu.
Bingo ! Tout à l’heure j’écoute brièvement France-Info. Et qu’ouis-je ? Que cette Commission ne s’est aucu-nement prononcée sinon que son Président a donné - à titre tout à fait personnel ! - son avis à Claude Guéant, en réponse à une question sur la jurisprudence de la Commission.
J’ai toutefois relevé cette déclaration de Nicolas Sarkozy qui déjà me semblait ne pas manquer de sel : «la commission a donné son point de vue, et son point de vue a été communiqué aux deux banques. Il sera rendu public» prétendant «qu’on verrait bientôt la différence «entre une polémique et un problème»…
Pour l’instant, je vois bien plutôt la différence entre un mensonge et la vérité !
J’ai beau être l’auteur de la Constante de Sarkozy : «un scandale par semaine, un mensonge par jour» et soutenir que Nicolas Sarkozy est - génétiquement ? – un «menteur-né» à l’instar du «criminel-né» de Cesare Lumbroso, criminologue italien du XIXè siècle, cette propension itérative au mensonge me laisse à chaque fois sur le cul !
D’autant que je ne peux m’empêcher de penser qu’il y faut une solide dose d’inintelligence puisque le pot aux roses étant toujours découvert tôt ou tard, Nicolas Sarkozy finit immanquablement par se couvrir de ridicule !
Il pensait sans doute avoir suffisamment enfumé l’opinion publique mais il n’aura pas fallu 24 heures pour que la vérité lui revienne en boomerang sur son gros pif – pris en flagrant délit dans le pot de confiote : un vrai gamin en culottes courtes - et soit connue de tous… Lamentable !… Et «ça» se dit Président de la Répu-blique !
C’est plutôt un remake de «Général Tapioca» faisant de la France une République bananière où l’on foule aux pieds et les institutions et leurs règles de fonctionnement pour «passer en force» et placer les copains aux commandes des leviers stratégiques. Avec pour tout bagage une mentalité de petit boutiquier sans honneur non plus que l’ombre d’un quelconque sens du «bien commun».Je n’aborderais pas ici – sur le fond – la question de la fusion entre la Caisse d’Epargne et de la Banque Popu-laire. Il me semble toutefois que la réforme des Caisses d’Epargne intervenue en 1999 (merci Jospin !) – loi du 25 juin 1999 – laquelle a ruiné définitivement l’esprit «sociétaire» de l’institution est à l’origine des déboires actuels de «l’Ecureuil» qui a perdu récemment beaucoup trop de «noisettes» !
A cause notamment des déboires de sa filiale Natixis – qui a spéculé à tout va et s’est trouvée prise au piège de la crise des morgate subrimes comme n’importe laquelle des banques d’investissement.Sans oublier les propres «traders» de la Caisse d’Epargne qui ont perdu en octobre 2008 un solide pactole - 751 millions d’euros ! - en continuant à spéculer inconsidérément bien après le krach boursier du 11 septembre 2008,
J’étais alors en vacances dans l’Hérault et je peux vous assurer qu’autour de moi tout le monde se posait la même question : la Caisse d’Epargne était-elle dans son rôle en ayant des traders et en spéculant ?
Nous répondions bien évidemment par la négative. D’autant que la vocation première du «livret A» est d’investir dans le logement social - déjà bien mal en point - et qu’il est à redouter que cet objectif ne fasse plus du tout partie des priorités du nouvel ensemble !
De même qu’il est à craindre que les Banques Populaires ne perdissent également de façon définitive le peu d’esprit mutualiste qu’il leur restait… et n’investissent plus dans les PME et les PMI, leur mission tradition-nelle…
Mais vous pensez bien que c’est le cadet des soucis d’un Nicolas Sarkozy ! Sur ses lunettes d’Onc’ Picsou – pardon : ses «rayban aviateur» de parfait «beauf» bling-bling ! - l’œil droit est caché par le symbole de l’euro, le gauche par le symbole du dollar… Avec autour de lui toute la bande de «Frères Raptou»…
Les divers articles que j’ai consultés ce soir m’apprennent que la fameuse «Commission de déontologie» ne risquait pas d’émettre un quelconque avis sur la nomination de François Pérol puisqu’elle ne se réunira pas avant le 11 mars 2009…Contrairement aux contre-vérités avancées par l’Elysée pour tenter de rattraper le coup, il n’y a – dans les procédures régulières de la Commission qui dispose de surcroît d’un délai d’un mois pour rendre ses avis ! et ne peut rendre d’avis informel entre deux sessions - pas plus de «procédure d’urgence» si ce n’est que «dans les cas simples et urgents» le président de la commission pourrait rendre, seul, une ordonnance pour trancher – mais cette hypothèse semble a priori exclue. En tout état de cause, il n’existe pas d’avis «off» positif - pure invention élyséenne - qui pourrait valider la nomination de François Pérol.
Avis «off» !
Soit-dit en passant : bonjour la transparence ! Sans oublier l’art et la manière de passer en force en contournant les obstacles : les règles et les procédures.
J’admire au passage la subtilité tout à fait jésuitique de Claude Guéant dans la question posée à Olivier Fouquet, président de la Commission de déontologie sur la jurisprudence : apparemment, il s’agissait uniquement de savoir si la saisine de la Commission serait obligatoire dans le cas où François Pérol rejoindrait le secteur bancaire…
Selon «20 minutes», l’Elysée aurait précisé dans la soirée de mardi avoir reçu une lettre du président de la commission, Olivier Fouquet, assurant que la nomination de François Pérol n’avait «pas d’inconvénient pénal»….
«Inconvénient pénal», j’aimerais bien que l’on me précisât ce que veut dire ce terme, inconnu à mon bataillon de connaissances juridiques qui exigent la plus grande précision. Là, c’est du flou artistique !Le vrai problème juridique est de savoir s’il y a oui ou non un problème déontologique et plus précisément un «conflit d’intérêts» : savoir si François Pérol qui a conduit à l’Elysée en tant que conseiller économique de Nicolas Sarkozy la fusion entre la Caisse d’Epargne et la Banque Populaire peut, dans la foulée, être nommé à la tête du groupe bancaire issu de cette fusion.
Je ne saurais vous donner la réponse. Notamment dans la mesure où un conseiller de l’Elysée n’est pas à proprement parler un fonctionnaire mais fait partie du «personnel politique» comme c’est le cas également dans n’importe quel cabinet ministériel.En revanche, je pointe un véritable «conflit d’intérêts» que personne n’a semble-t-il remarqué à lire les différents articles et qui réside – selon ce que m’apprend Le Monde – dans le fait qu’avant de venir travailler aux côtés de Nicolas Sarkozy François Pérol était banquier d’affaires chez Rothschild & Cie et qu’à ce titre, il fut «conseil des Banques populaires» !…
SOURCES
Commission de déontologie : “On n’a jamais évoqué le cas de François Pérol”LEMONDE.FR | 24.02.09 © Le “parachutage” de François Pérol n’a pas été validé par la Commission de déontologie
LE MONDE | 25.02.09 ©
E24
Sarkozy : “la nomination de Pérol ne pose pas de problème”
20 minutes
Affaire Pérol: Retour sur la polémique
Le Figaro
Nomination de Pérol : un feu vert… implicite
Sarkozy : «la nomination de Pérol ne pose pas problème»
Libération
Pantouflage de Pérol: le gros mensonge de Sarkozy
Affaire Pérol: le président de la Commission n’a donné qu’«un avis personnel»