M. Balladur avait pour tâche, entre autres, de proposer une réorganisation territoriale ce qui m'interpelle en tant qu'ancien étudiant en aménagement du territoire. C'est de ce sujet que je vais traiter ici en attendant de disposer du texte complet pour pouvoir faire une analyse plus poussée du rapport. En attendant, quelques éléments sont expliqués par le Télégramme (ici).
La presse régionale titrait ce matin sur la carte que propose Balladur. De 22 régions, on passerait à 15. A première vue, je constate que la Bretagne est réunifiée, que la Normandie l'est aussi. Pour l'Ouest de la France, j'avoue ne pas comprendre la logique qui veut que l'on conserve des Pays de la Loire sans la Loire-Atlantique. C'est d'une part un nid à emm... et d'autre part non viable! Pourquoi ne pas avoir privilégié la carte de Bretagne Réunie (voir ici)?
Pour le reste, je ne suis pas super compétent: si je compte bien, la Corse serait intégrée dans une nubuleuse technocratique "sud-est" ce qui va plutôt à l'encontre de la prise en compte de la notion de "territoire". On attribue, si ma vue est bonne, un département de plus aux Flandres françaises. Ipparalde (pays basque en France) reste noyé, la Catalogne idem, mais on ne pouvait en attendre autrement d'une commission dont le but est de réduire le nombre de régions. Est-ce pertinent de partir avec cet objectif? N'eut-il pas mieux valu partir d'une réorganisation de la France en territoires pertinents?
Côté contestation, le Parti Socialiste, fort logiquement, dénonce des manoeuvres électorales (on s'attendait tellement à une réaction de cette sorte qu'elle en devient comique). Il est évident que quand on détient toutes les régions sauf une, une réorganisation territoriale ne peut qu'être mal vue pour un parti auquel il ne reste que cela. Notre bien-aimé proconsul Auxiette a particulièrement assuré en parlant de "colonialisme des temps modernes" en ce qui concernait la réunification (le ridicule ne tue pas).
J'ai noté également le coup de gueule de Sylvain Brumeau sur Médiapart qui, sans doute après l'ingestion d'une madeleine, nous entraîne dans son passé folklorique comme pour mieux faire passer l'idée que la Bretagne n'est pas l'avenir. M. Brumeau a "l'étrange et soudaine impression d'être né à Sarajevo" suite à l'annonce de la commission Balladur de réunifier la Bretagne. "Nantes n'est pas la Bretagne" nous dit-il. Sur ce point, je suis d'accord avec lui, Nantes n'est pas LA Bretagne, mais EN Bretagne. Comment expliquer que le sentiment régional est bien plus complexe que le sentiment urbain et qu'une région ne peut se résumer à une addition de villes?
Riez donc, M. Brumeau, puisque vous hésitiez "entre l'effroi et le rire", riez donc comme je ris de vos arguments sophistiques périmés. Il sera en effet difficile de faire entendre votre voix avec des arguments aussi creux. Sachez monsieur que l'on écoute aussi du rock, de la pop et du hip-hop en Bretagne! Vos clichés et votre rhétorique anti-bretonne et anti-allemande ("Nucléaire: nein danke") datent, eux par contre! Et gardez pour vous vos comparaisons douteuses (Sarajevo) car ce rapport Balladur n'a pas été écrit sous les bombes! Ni zo an dazont...
J'ajoute, car cela semble nécessaire de le dire tant certains fabulent, que ceux qui ne se sentent pas bretons pourront rester à Nantes, future métropole destinée à rayonner sur un espace géographique plus large que la Bretagne! Vous sentez vous "ligérien" dans cette région sans identité? Le débat n'est pas "Nantes ou la Bretagne", mais bien "la Bretagne ou les Pays de la Loire"! Le dessin de Nono (ci-dessus) était bien vu car beaucoup croient encore que les partisans de la Loire-Atlantique bretonne sont indépendantistes. Encore un cliché éculé...