Je vous ai entretenu, depuis des semaines, des péripéties liées au travail du comité Balladur. Je n'avais pas tort de crier au loup puisque le loup est enfin sorti du bois aujourd'hui et qu'on connait les vingt propositions qu'«Edouard» ira défendre devant Nicolas Sarkozy le 5 mars prochain. Ces propositions, distillées une à une au fil des indiscrétions habilement jetées en pâture, confirme le danger de certaines d'entre elles.
Trois propositions du comité Balladur ont, en effet, été votées à une simple majorité. Elles portent sur le Grand Paris, les pouvoirs respectifs des régions et départements et l'instauration d'un conseiller territorial qui siègerait à la fois dans les conseils régionaux et généraux. Autrement dit, les points les plus « révolutionnaires » ont été refusés par les représentants de la Gauche que sont Pierre Mauroy, Jacques Juliard et André Vallini.
La composition du comité ne laissait aucun doute sur le vote final dans la mesure où Nicolas Sarkozy a pris soin de désigner en majorité des experts favorables à son camp. Edouard Balladur, ancien premier ministre, très sarkozyste, a appliqué rigoureusement les consignes. En amputant les régions et les départements de la «clause générale de compétence», le comité Balladur confirme la volonté du président de la République de porter le fer là où la gauche risque d'avoir mal puisqu'elle est nettement majoritaire dans ces collectivités territoriales et que, bien souvent, région et départements travaillaient la main dans la main comme en Haute-Normandie. Il est d'ailleurs prévu une réunification des Normandie…sans qu'on ait demandé leur avis aux principaux intéressés. Sa majesté décide, aux autres de s'incliner.
Quant au Grand Paris, ce n'est pas une idée neuve. La disparition du maire de Paris laisserait place à un super élu (au suffrage indirect puisque désigné par les 135 représentants de Paris et des départements annexés) doté de pouvoirs considérables privant ainsi la Région Ile-de-France actuelle de ses prérogatives. Enfin, la naissance des conseillers territoriaux appelés à remplacer conseillers généraux et conseillers régionaux aboutirait, de fait, à la suppression d'un échelon. Ces super-conseillers seraient élus au scrutin majoritaire à la campagne et à la proportionnelle dans les villes. Un bon moyen pour éreinter la gauche. Laurent Fabius a dit tout le mal qu'il pensait de ce système uniquement inventé pour favoriser la droite. Reste à le faire accepter par le Parlement et…le Conseil constitutionnel. Il est prévu de le mettre en place en 2014 à l'occasion du renouvellement des conseils généraux et régionaux. D'ici là…