Si le héros de Boy A, rebaptisé Jack Burridge, n'envisage pas de retourner derrière les barreaux, ses antécédents sont semblables. Le film de John Crowley décrit la tentative de Jack de devenir un homme neuf, lavé de ses péchés, et à même de retrouver une existence presque normale. Presque : car à 24 ans, il découvre la vie avec une dizaine d'années de retard, complètement déconnecté de la société qui l'entoure. D'où des premiers pas difficiles avec la société en général et les filles en particulier - même si l'une d'entre elles semble vouloir le prendre sous son aile. Incarné par un Andrew Garfield prodigieux, Jack est un personnage blessé et touchant. On peut simplement regretter la complaisance d'une poignée de scènes qui en font un martyr alors que ce n'est pas le propos.
Épaulé par un tuteur protecteur et à l'écoute (fabuleux Peter Mullan), Jack finira pourtant par être rattrapé par son passé, victime d'un acharnement médiatique forcément dommageable. De ces séquences naît une vraie tension ainsi qu'une certaine désorientation transmise par le personnage principal, pour lequel la Terre entière ressemble à une zone de chasse où il serait le seul gibier. Dans ces conditions, même la fuite paraît bien vaine. Sans misérabilisme, à l'aide d'une mise en scène cotonneuse et délicate, John Crowley décrit cette vie terminée avant d'avoir commencé, cette parfaite impasse qui interpelle et émeut à la fois.
7/10
(également publié sur Écran Large)