LA MORT A DEMI-MOTS
Présentation de l'éditeur
"A notre époque, il n'y a que deux voies pour ceux qui aspirent à être un dieu : la création et le crime" : ainsi parle le narrateur, qui explore l'art de détruire autrui. Ce qu'il aime
par-dessus tout, c'est révéler leur pulsion de mort à ses victimes, "jusqu'au stade où la personne devient digne d'être mon client". Le passage à l'acte n'est plus que formalité technique, quand
compte avant tout l'osmose plus ou moins réussie entre le " tuer " et sa victime [...].
Sur l'auteur
Ce premier roman de Kim Young-ha, publié en 1996, à vingt-huit ans, a enthousiasmé le public en même temps que les critiques, qui voient en lui le "chef de file d'une nouvelle génération" d'écrivains en Corée du Sud.
"Ouh la la la la! Qu'est-ce que c'est bizarre ce livre!" je me suis exclamée plusieurs fois (dans ma tête), assez déstabilisée, vraiment pas à l'aise pendant la lecture, j'en ai même fait de drôles de rêves une nuit tellement l'atmosphère est perturbante!
Je ne saurais même pas trop comment en parler... Le mieux, c'est que je vous renvoie directement vers le commentaire de Catherine qui m'avait vraiment intriguée.
Mon premier roman coréen (ayant surtout lu des manhwa), qui m'a furieusement fait penser à deux ou trois romans japonais avec lesquels j'ai eu du mal aussi, je pense notamment à Kawabata, rapport au sentiment de désarroi qu'ils ont suscité chez moi.
On se trouve avec ces romans, face à une oeuvre dont on ne peut dénier la puissance, le talent, le charme même (!!), mais il y a quelque chose de pervers avec des histoires bizarres qui tournent autour du sexe et de la mort, moi qui me dérange profondément, et je me sens comme ce public d'une exposition décrite dans ce roman-ci, une exposition troooop bizarre , d'une profondeur supposée mais dont on ne pourrait en déterminer clairement le sens, public donc qui après le spectacle qui les a soufflés d'incertitude manifeste, finit par applaudir prudemment, comme pas très convaincu de savoir s'ils sont censés trouver ça bien ou non (j'ai bien aimé cette image vraiment, c'est tellement moi en ce moment avec ce roman! ).
Je passe sur l'histoire donc, qui pour moi est celle d'un fou (je parle du narrateur pas de l'auteur) qui entraîne ses lecteurs dans sa folie et c'est pas cool - à noter d'ailleurs que le titre original est "J'ai le droit de me détruire..." (Yeepeeeee!!) citation attribuée à Françoise Sagan - narration très habile en passant, et très finement maîtrisée par l'auteur qui manipule son lecteur aussi bien que l'autre fou de narrateur manipule ses clients!
Je suis en revanche très admirative de la culture impressionnante et des références de l'auteur qui vous parle, à travers le narrateur fou, de Klimt, de David, des jacobins, Sylvia Plath, Jim Jarmusch, et j'en passe, et j'ai beaucoup aimé aussi certaines réflexions qui émaillaient le récit et qui révèlent une personnalité plutôt intéressante chez l'auteur.
Je n'ai noté que celle qui suit car je partage totalement cette vision des choses:
(en parlant des touristes qui ne vivent ce qu'ils voient qu'à travers leur appareils photographiques ou leurs caméras)
"En cherchant l'immortalité du souvenir, ils sacrifient le présent. C'est désolant mais c'est comme ça."
C'est un auteur clairement talentueux et intéressant, mais vraiment, je ne suis pas sûre de m'aventurer dans un autre de ses romans.