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échafaudages sur un tableau

Publié le 25 février 2009 par Lironjeremy
Encore une fois remonter les archives, dévoiler un peu de l’atelier, ou comment les choses s’agrègent, se fondent en quelque chose qui tient autant de l’observation attentive que de la fiction. Parce que les choses se constituent ainsi en strates, se convoquent les unes, les autres pour composer l’image dense du réel. Les gestes s’induisent presque inconsciemment, du moins en avant de la conscience qui les observe et les approuve, ou pas. Dans ce paysage, le 17ème de la série, il y a un peu du souvenir des bâtiments de Gropius aux plans masse un peu massif, la brique de son usine Fagus avec échos du côté nordiste d’Aalto ou des sculpture de Kirkeby. Le bâtiment comme une masse allongée sur la terre. Une émotion dans ces huisseries de béton qui marquent la préfabrication légère de l’après guerre, leur sobriété. Il y avait le geste de tourner le dos à une architecture célèbre comme l’est la fondation Cartier par Jean Nouvel, de regarder côté jardin. Cet échelonnement des plans qui m’évoque quelques uns des courts films des frères Lumière, plans fixes et brefs qui condensent une histoire dans un raccourci éloquent. Ce cumul d’entraves au regard, un arbre qui vient fermer l’image vers le haut, un mur, et au-delà grande boite géométrique fuyant dans l’esquisse d’une perspective. Comme le geste d’enfermer l’espace du monde dans une planéité redoublée, effrontée. Le travail prend du temps, la peinture à cette différence d’avec l’instantané photographique qu’elle exige un temps long, et dans ce temps se glisse beaucoup. L’émotion du départ se refroidit, décante, le stimulus laisse place à un chantier compliqué et lourd. Il y a des échafaudages à poser, du travail à faire. Toujours cette sensation de poids dans ce que l’on manipule, de masse à alléger. Dans ces filtres il y a eu le recadrage, l’éventuel arrangement photoshop, l’impression papier, un défaut d’encre qui a inspiré des moirures ocre et rose dans les feuilles. Le tableau avançait de jour en jour sans parvenir à cet état de fait qu’impose l’œuvre achevée. Jusqu’à ce besoin de plaquer un plan supplémentaire en surface de l’image et ce souvenir de photos de train au retour de Venise. Deux raison impossible à dissocier tant elles semblent s’être imposées de manière conjointe et nécessaire. Le corail des filets de chantier aux découpes rondes. Intervention au pochoir tout à la fois dans l’image et à sa surface, la recouvrant pour moitié. C’est pour le plus visible, tant d’autres choses s’invitent dans un tableau et qu’on a pas fini de dire.

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