Jean-Pierre Martinet (1944-1993) a écrit ce roman en 1987 et il vient de ressortir dans une collection de poche. Un livre qui nous plonge dans un univers étrange où évoluent quatre personnages rongés par des peurs et des angoisses. Quel est le lien si il y en a un, entre Rose Poussière et Edwina Steiner ? Pourquoi Monsieur qui collectionne les articles de journaux sur les faits sanglants, les meurtres, se croit-il persécuté par son lampadaire ? Et sa bonne Céleste qui carbure au pastis pourquoi reste-t-elle au service de cet homme étrange qui se rêve meurtrier ? Il y a aussi le duc de Reschwig aveugle qui fouille les poubelles à la recherche de collants féminins usagés. Une histoire sans queue ni tête, un univers kafkaïen en plus léger ou onirique et des personnages loufoques, toujours surprenants et parfois amusants par leur délire. Pourtant sous l'exagération des travers des uns et des autres pointent nos propres angoisses et affleurent nos propres peurs. Et nous rions jaune.
A propos de son ouvrage l'auteur écrivait « J'ai essayé de peindre des êtres au bout du rouleau, des infirmes du sentiment prisonniers de leur enfer intime, et qui faute de pouvoir échanger des caresses, en sont réduits à échanger des coups. » Un livre étrange qui mérite qu'on s'y intéresse.
« Les hommes sont fous de désespoir, mais ils font tout pour le cacher. C'est bien ça l'horreur. C'est comme l'absence de musique. Et bientôt cinquante ans. Je n'aurai jamais cru que j'étais assez lâche pour arriver jusque là. Déguisé. Déguisé en homme pour n'être rien. Si on me touchait, je tomberais en poussière. Là, d'un seul coup : plus rien, personne. »
Jean-Pierre Martinet : L'ombre des forêts collection La Petite Vermillon