Dans une publication de Culture et prospective, intitulée Pratiques culturelles et institutions de transmission : un choc des cultures ? (consultable en ligne) Sylvie Octobre confronte l'apparition de la fameuse révolution numérique sur le comportement des jeunes.
Digital natives VS digital migrants
Ciblant particulièrement « les digital natives », âgés de 10 à 24 ans, qui « ont grandi avec les technologies de l'information et de la communication apparues dans les années 1980 », elle remarque à quel point « nouvelles technologies » ne fait pas sens chez eux, puisque lesdites technologies ont cours depuis toujours, dans leur vie. Ils s'opposent en ce sens aux « digital migrants », la génération précédente, voire leurs parents, qui doivent se frayer une voie dans ce nouvel environnement.
Grands consommateurs de médias, et d'internet - 13 heures hebdomadaires passées en ligne en moyenne - les digital natives ne se détachent pour autant pas de la consommation culturelle. Et bien que la télévision garde une place importante, internet reste pour eux un outil d'accès à diverses formes de la culture et de communication.
Baisse de la consommation de livres...
« La lecture de livres, largement répandue chez les plus jeunes, baisse tendanciellement avec l'avancée en âge. Cette baisse n'est pas seulement imputable à un effet de distanciation face aux injonctions scolaires et/ou familiales, même si celui-ci est avéré, mais elle participe également d'un phénomène générationnel attesté par des analyses prospectives », précise toutefois le rapport.
... pas forcément de la lecture
Cependant, si l'on constate que la lecture de livre est en baisse, elle est substituée par une autre forme de lecture, selon les générations. Et le rapport de pointer que la lecture sur écran, dont l'ampleur est croissante, reste très complexe à prendre en compte. « Que l'on songe que les moteurs de recherche, premiers outils utilisés sur l'internet, ont remplacé dans bien des cas la consultation des encyclopédies et ouvrages thématiques, et l'on aura une idée des basculements à l'oeuvre. »
Influence sociale
En outre, la diminution de la lecture demeure un phénomène sociologique, dès lors que « les franges de la population qui, jusqu'alors, produisaient les forts lecteurs (catégories supérieures diplômées) n'en produisent plus de manière si évidente ». On constatera ainsi que si la lecture représente 80 % et 61 % de l'activité des cadres et ouvriers, elle passe à 48 % et 28 % pour les enfants de ces mêmes classes.
Mais que l'on se rassure - ou pas - les filles résistent semble-t-il mieux à la diminution de la lecture que les garçons. On comprendra mieux, comme le note l'étude, l'apparition de livres spécialisés et clairement destinés à un public plus ciblé encore, comme l'exemple de Cathy's book chez Bayard.
« C'est du côté des instances de transmission ; la famille, l'école et les institutions culturelles ; que les évolutions sont les plus notables : celles-ci interrogent les instances de transmission (famille, école, équipements culturels) à repenser leurs modes d'action, qu'il s'agisse de transmission familiale, du lien entre culture et savoir ou encore de médiation », conclut le rapport.