237° Hadopi: une loi boomerang.

Publié le 25 février 2009 par Jacques De Brethmas

L'ISOC France, branche française de l'Internet Society, tire la sonnette d'alarme à propos des conséquences aussi graves que prévisibles de la mise en place prochaine de la loi Hadopi, que refusent l'ISOC Europe, les associations les plus autorisées de gestionnaires et d'usagers d'internet, et taxe d'incompétence le couple Albanel-Sarkozy qui persiste à regarder un tel projet comme une solution à la divulgation « d'oeuvres propriétaires ».

http://www.isoc.fr/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Isoc_France

Les sites P2P ouverts vont laisser la place à des échanges privés quasi-incontrôlables dont les clés s'échangeront sur les sites sociaux dont le nombre et l'importance rend tout contrôle impossible.

La répression « automatique » qui est prévue (envoi automatisé d'emails -mode de notification non reconnu par le droit), dont le nombre est déjà chiffré: 10 000 emails par jour!!!, se déroulera en marge de la justice et de toute appréciation humaine, ce qui confère au système un caractère dictatorial (pour être poli) absolument inacceptable. Dans un état de droit, il ne peut pas et ne doit pas exister de forme de répression automatisée.

Comme toute répression aveugle et systématique, elle générera une résistance et constituera un enjeu de contestation. On assistera d'abord à la politisation du problème qui engendrera une multiplication d'attaques informatiques, de virus, de sabotages et de dénis de services comme autant d'actes de rébellion anti-système, anti-majors, anti-Sarkozy dont tous les internautes auront à pâtir, et dont les auteurs seront regardés comme autant de héros de la liberté.

D'une nécessité sociale, le téléchargement deviendra un sport international avec ses enjeux, ses champions et ses records.

Les suspensions de connexion internet prévues vont frapper aveuglément, privant des familles entières, voire des entreprises, de leur indispensable connexion à cause d'un gamin qui se sera connecté quelque part. Ou pire, par malveillance ou par l'action d'un anarchiste qui viendra télécharger sur le wifi des braves gens pour provoquer la suspension de leur connexion.

Du coup, elle va faire disparaître la plupart des points wifi, compliquant la tâche de tous ceux qui ont besoin de se connecter en dehors de leur bureau pour l'exercice de leur profession. Elle signe plus ou moins l'arrêt de mort en France des initiatives mondiales comme « Fonera » , qui fonctionne dans plus de 60 pays (sauf la Chine...) en douze langues, et qui permet, en acceptant de partager son wifi, de se connecter à celui des autres quand on se déplace.

http://fr.wikipedia.org/wiki/FON

http://www.fon.com/fr

Cette mesure signe aussi l'arrêt de mort du Wimax, ce système d'arrosage longue portée qui doit permettre de fournir du haut débit à des millions de foyers et d'entreprises hors de portée géographique d'une connexion ADSL ou d'un câble.

Les « listes blanches » prônées par la ministre laissent entrevoir le spectre d'un internet à la chinoise ne donnant accès qu'à des sites autorisés, contrôlés, dans la ligne du parti ou de ses intérêts, expurgés de tout ce qui pourra déplaire au big brother du moment, et permettront, au fil d'alinéas dont on alourdira subrepticement la loi, d'appauvrir et de modeler l'information jusqu'à en faire de la propagande.

Comme toutes les « innovations » informatiques, cette loi sera rapidement périmée par une sophistication accrue des artefacts destinés à la contourner, par la généralisation de nouvelles voies de communication, (bluetooth entre téléphones, PDA ipods et autres players, diffusion de cartes mémoires et de clés USB, sites sociaux où on échangera des clés d'accès à des sites privés situés dans des pays hermétiques au droit intellectuel dont les données seront accessibles par des plate-formes d'anonymisation à clés variables.

Contre vents et marées, et contre l'opinion internationale et l'avis des spécialistes, la nouvelle société de monsieur Sarkozy est en marche. Faut-il encore démontrer que l'ultra-libéralisme est liberticide?