Parce qu'il n'y a aucune raison pour que des filles comme Reese Witherspoon ou Renée Zellweger aient un Oscar sur leur cheminée et pas elle, Sandra Bullock a décidé de prendre les choses en main. Finis les rôles de girl next door ; désormais, Sandra veut du lourd, du triste, de quoi faire pleurer un maximum de votants. Alors, dans les scènes les plus tristes de Prémonitions, elle donne tout ce qu'elle a, plissant les yeux avec application pour que chaque millilitre de larme coule bien sur ses joues. Dans ces moments-là, ses yeux brillent tellement qu'on jurerait y voir le reflet d'une statuette dorée. Bref, pas besoin de prémonitions pour deviner que miss Detective n'atteindra pas son but cette année.
Prémonitions est en fait à l'image de son actrice principale : des tas d'intentions visibles, et rien au bout. Sur un postulat déjà vu mille fois (modifier le cours du temps pour sauver les siens, mais à quel prix), Mennan Yapo livre un film mou et prévisible, à la morale complètement tarte (l'amour, c'est plus fort que tout), et au scénario mal construit et pas rythmé. L'héroïne met une bonne cinquantaine de minutes à comprendre qu'elle fait des rêves prémonitoires, alors que toute la salle a compris le principe en à peine un quart d'heure (le titre à lui seul suffit).
La deuxième partie de Prémonitions racontera donc son plan pour éviter le drame qui hante ses nuits, la mort de son cher mari. Celui-ci est interprété par un Julian McMahon fantomatique, à qui se présentent deux alternatives : ne plus jouer que dans Nip/Tuck jusqu'à la fin de sa vie, ou changer d'agent et trouver enfin des rôles à la hauteur de son talent. Mennan Yapo a beau être un filmeur correct, sa direction d'acteurs au ras des pâquerettes et la naïveté de son ton achèvent de faire de Prémonitions une énième version complètement dispensable des premiers films de Shyamalan.
3/10
(également publié sur Écran Large)