Plus c'est gros, plus ça passe. Cette formule a fait florès sous Jacques Chirac et avec Nicolas Sarkozy c'est le bouquet. On le savait amoureux des approximations, on le savait éloquent même sur les sujets qu'il ne maîtrise pas, on le savait insolent avec les journalistes qui ne posent pas les bonnes questions. On le savait menteur. Il vient de nous en donner une preuve supplémentaire ces jours derniers.
Il a osé affirmer que la commission de déontologie (sur le passage de la fonction publique au privé) avait donné un avis favorable à la nomination de François Pérol (secrétaire général adjoint de la présidence de la République) à la tête de la nouvelle entité formé par les Caisses d'épargne et les banques populaires. Nicolas Sarkozy a affirmé cela publiquement alors que cette commission ne s'est pas encore réunie, qu'elle examinera le cas de M. Pérol (et d'autres) le 11 mars prochain et que l'Elysée a été contraint publier un communiqué corrigeant l'assurance du président : « la commission a été saisie de manière «off» et a donné un avis favorable. » Le problème c'est que plusieurs membres de cette commission confirment qu'il n'existe pas de consultation officieuse ou «off» et que, surtout, ils n'ont jamais discuté collectivement du cas Pérol et qu'on ne leur a jamais demandé leur avis.
Voilà bien le travers de Nicolas Sarkozy : prendre ses désirs pour des réalités et faire, coûte que coûte, que ses désirs deviennent réalité. On est en plein dans le césarisme et il semble bien qu'une nouvelle ligne jaune vient d'être franchie. François Bayrou s'élève avec vigueur contre ce fait du prince, les socialistes ne sont pas en reste qui vont s'emparer du sujet à l'Assemblée nationale (à la rentrée) et demander toutes les explications utiles voire la constitution d' une commission d'enquête parlementaire. C'est la première fois qu'un président nomme le responsable d'une banque privée et qui est appelée à le rester. A moins que…