Que peuvent bien nous dire des astronomes sur l'avenir de l'humanité sur Terre ? C'est la question que nous nous sommes posée quand nous est parvenu
le livre de Roger-Maurice Bonnet et de Lodewijk Woltjer, Survivre 1 000 siècles, que pouvons-nous faire ? Les deux auteurs sont connus, respectés et font autorité dans leur domaine, celui
du ciel et des sciences spatiales. Mais la Terre ? Quid de la Terre, dont les plus lyriques parmi les promoteurs de l'exploration cosmique n'ont cessé de nous répéter qu'elle n'était qu'un point
de départ de la civilisation humaine.
Un "berceau" que nous allions fatalement quitter pour franchir de nouvelles "frontières". Récemment encore, le
médiatique astrophysicien anglais Stephen Hawking expliquait doctement que, si nous voulions échapper à une catastrophe majeure, et quasi inévitable, nous n'avions d'autre
choix que de quitter le Système solaire ! Plier bagages et partir sans nous retourner coloniser les espaces fertiles de la Galaxie. Stupide, semblent penser en chœur nos deux auteurs, qui
vont dans cet ouvrage formaliser la vision nouvelle et naturelle qui a émergé ces dernières années dans le petit monde de l'astronomie. Deux idées fortes la guident.
La première est qu'il n'y a pas de Terre de rechange. La seconde est que notre planète est l'équivalent d'un vaisseau spatial, avec un équipage et des ressources limitées. Cette vision date sans aucun doute des missions Apollo, dont l'économiste Alfred Sauvy soulignait qu'elles marquaient la naissance d'une prise de conscience universelle des questions d'environnement. C'est l'image, rafraîchie il y a un peu plus d'un an par la sonde japonaise Kaguya, d'un lever de Terre vu depuis l'orbite lunaire.
Le contraste entre la surface stérile et cratérisée de la Lune, qui domine l'essentiel de l'avant-plan de l'image, et la petite bille blanc bleu de la Terre, suspendue dans le noir du ciel, signe au-delà de tout mot la situation de notre espèce. Il faut donc se rendre à l'évidence, nous vivons dans un monde clos et rêver de s'en évader est illusoire. C'est apprendre à vivre ensemble qu'il nous faut réussir et, pour survivre 1 000 siècles, réinventer un modèle d'économie planétaire réaliste et solidaire. Et ce ne sont pas les découvertes d'exoterres, à des centaines d'années-lumière de là, qui changeront la donne. Garder les pieds sur Terre reste notre seule chance d'explorer un jour d'autres mondes
Alain Cirou
Directeur de la rédaction.
Lire le sommaire du numéro de mars, en kiosque
actuellement.
On peut télécharger le magazine numérique sur le kiosque relay.fr (version payante).
Ecouter les derniers podcasts de cieletespaceradio.