Comme chez Nietzsche, il y a toujours une autre caverne derrière la caverne chez Girard :
" La lucidité de notre époque sait reconnaître la présence du sacré dans les désirs qui paraissent les plus naturels. La réflexion contemporaine découvre des " mythes " et de la " mythologie " dans chacun de nos désirs. Le XVIIIe siècle démystifiait la religion, le XIXe siècle démystifiait l'histoire et la philologie, notre époque démystifie la vie quotidienne. Pas un désir n'échappe au démystificateur patiemment occupé à construire sur tous ces cadavres de mythes le plus grand mythe de tous, celui de son propre détachement. Lui seul semble-t-il, ne désire jamais. Il s'agit toujours, en somme de convaincre les Autres et surtout de se convaincre soi-même que l'on est parfaitement et divinement autonome. " (p304)
On lit également un peu plus bas :
" L'homme du souterrain n'est jamais plus proche des Autres que lorsqu'il se croit totalement séparé d'eux [...]
Chacun de nous est à lui-même son propre tonneau des Danaïdes qu'il s'efforce en vain de remplir. "
(p294)
Mensonge romantique et vérité romanesque,René Girard