Que je te sache
– Je sais bien le nom que tu as, lui disait-elle.
– Mais non, je n’ai pas de nom.
– Je sais bien d’où tu viens, lui disait-elle.
– Mais non, où aurais-je été, je ne viens pas.Et il ajoutait, là sur le seuil, appuyé aux pierres qu’avait chauffées le soleil, à contre-jour cependant, la tête et les épaules ourlées de l’ocre rouge du soir, qu’il n’avait pas de visage, pas d’yeux, pas de raison dans les mots, qu’il n’était pas.
Elle, pourtant, souriait, assurée mystérieusement, enveloppée pour l’éternité de la robe légère du bonheur, que faisait bouger un peu quelque chose comme une brise.
Yves Bonnefoy, La Vie errante, Mercure de France, 1993, p. 37.
Contribution de Tristan Hordé
Yves Bonnefoy dans Poezibao :
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courbes),
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Les planches courbes,
hommage
à Claude Esteban,
notes sur la poésie 1,
le petit feuilleton
pédagogique à l'usage des lycéens de Terres de Femmes
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