Pat Benatar... Objectivement, pourquoi exhumer Pat Benatar en 2009. Pourquoi exhumer une icône des années 80 dont tout le monde se contrefout, et dont les plus jeunes d'entre-nous, biberonés à Beyoncé ou Rihanna ignorent l'existence?
Parce que, les p'tits gars, être une fille dans le rock n'a pas toujours été une évidence... Soit tu avais une voix d'enfer, mais un physique bof-bof, comme Janis Joplin... et tu te finissais seule dans ta loge avec tes bouteilles de Southern Comfort... Fin tragique à 27 ans garantie. En plus, aisselles pas nettes, maillot pas fait, poils au pattes et seins lourds qui tombent sous le t-shirt tie & dye... Cheveux pas nets et fleurs dans les cheveux... Soit tu étais black, dans un girls group, sous la houlette d'un Berry Gordy ou Phil Spector... Choucroutes laquées, oeil de biche, minirobes sixties... Harmonies vocales, statut iconique garanti... Ascenseur social... Au final, quarante années plus tard, Michelle Obama à la Maison Blanche, et Condy Rice, quelques années plus tôt. Autre configuration, les jambes, le cheveu lissé, la sensualité exhalée à chaque syllabe chantée, Tina Turner. River Deep, Mountain High... Et Ike qui vous dérouille en coulisses...
Dans le rock, la fille est d'abord un objet décoratif... Le rocker est le marlou, le mauvais garçon, jean, baskets et cuir, qui va tenter de subvertir l'oie blanche tout juste sortie de son collège Ivy League ou du Couvent des Oiseaux... Quand il monte sur scène, il a au mieux quelques choristes sexy et décoratives qui font wop-doo-woop en se trémoussant...
Et puis un jour les filles se sont emparées du micro, ont accaparé la Fender... Renversement des rôles, le frontman met une jupe, un jean ultra-moulant, un cuir... Hyper-féminité... Et reprise en main... Pas toutes des Poison Ivy, résilles, corsets, cravaches et stilettos... Mais tenant d'une main ferme aux ongles parfaits les emblèmes phalliques, le micro, le manche de guitare... Menant la danse. Menant les foules. Alliant hyper-sensualité et postures dominatrices. Le mâle est vaincu. Il se rend. Magie du rock.
Pat Benatar... Menue, frais minois, jambes gainées de cuir ou de latex sur talons aiguille... Bombe d'énergie sur scène sur fond de guitares saturées, elle balance, dans ses 3 premiers albums, un rock dur, agressif et mélodique... des messages bruts de décoffrage, Treat Me Right, You Better Run... Une voix puissante, de formation classique-lyrique.
A la réécoute, ça tient encore la route... Un hard rock basique, mais là où les hardeux mâles brâmaient l'excitation sexuelle, les conquêtes improbables, les performances sexuelles... Qui se rappelle de Animal (Fuck Like A Beast) de WASP? Bref, effet miroir sur les kids... Des chevelus en futes hyper-moulants en lurex, exhalant la testostérone et s'adressant à un public de frustrés binoclards boutonneux... Des velus emballant les groupies et les jetant après usage comme de vieux kleenex... Arrive Pat Benatar... Les mecs s'affolent... Dans le hard rock, il y avait les moches de Girlschool, grandes copines de Lemmy et son gang de psychopathes de Motörhead... Prend un boudin, donne lui une guitare... Les boutonneux du public voient la girl-next-door sur scène, même physique que leur voisine de palier, le cuir et les ongles sales en plus... Affolement, montée d'adré, poussée d'hormones... Parce qu'avec Pat, si le rock n'était qu'efficace, la voix, le look, la silhouette... Raaah lovely!
On la retrouve, ça et là sur le web, on apprend qu'elle tourne encore de temps en temps avec son guitariste de mari, Neil Giraldo. La chirurgie plastique est passée par là, la cinquantaine aussi...
Restent les trois premiers albums de sa discographie, Crimes of Passion, Heartbreaker et Precious Time...
Enjoy!
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