Le think tank conservateur Heritage Foundation tire la sonnette d'alarme par la voix de son président, Edwyn J. Feulner: le plan Obama n'est pas seulement un ramassis de dépenses clientélistes sans la moindre cohérence économique ("Pork spending"), il est truffé de dispositions constituant un véritable recul de la liberté individuelle et des libertés économiques dans un pays pourtant déjà fort malade de son socialisme rampant, comme j'ai pu l'écrire il y a déjà quelques temps.
Selon Feulner, la loi, dénommée "American Recovery and Reinvestment Act", de plus de mille pages, remet en cause les acquis des réformes bi-partisanes votées sous Bill Clinton, transformant l'aide sociale d'un assistanat vers des incitations au retour à l'emploi ("welfare to workfare"), porte un rude coup au concept de fédéralisme en forçant les quelques états bien gérés à financer le sauvetage des états les plus mal en point, Il poursuit la bureaucratisation de la santé en donnant à l'état la prérogative de de définir ce que sont les traitements qui sont utiles et les autres, etc...
Le représentant de Géorgie Tom Price (R.) s'insurge contre les conditions rocambolesques de la présentation de la loi devant la chambre : Le texte, proposé aux représentants peu de temps avant le vote, comportait encore des notes manuscrites que le législateur n'avait visiblement pas eu le temps de corriger. Des sommes corrigées à la main, des sommes réservées aux "dépenses nécessaires" (si tant est que le terme ait un sens) qui, visiblement, deviennent réservées à toutes sortes de dépenses... 787 milliards jetés dans la nature en vitesse et par dessous la jambe, c'est çà, le changement...
Il n'était déjà pas sérieux de croire qu'un accroissement des dépenses publiques et des déficits aussi massif puisse avoir le moindre impact positif sur l'économie à moyen terme. Mais, même pour le plus enragé des néo-keynésiens, sauf à attribuer des pouvoirs quasi surnaturels à la dépense publique sous l'égide du parti démocrate, comment une personne sensée peut-elle un instant imaginer qu'un tel patchwork de mesures prises dans la plus grande précipitation puisse avoir le moindre effet bénéfique sur l'économie ? Qu'un semblant d'étude d'impact ou de calcul de rentabilité ait pu être effectué sur plus de 450 milliards de dépenses nouvelles dont la programmation a été décidée en quelques semaines et modifiée dans les heures précédant son vote ?
Tout ce qui est en train de se passer aux USA me rappelle furieusement l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand au pouvoir en 1981 : Même échec d'un prédécesseur de droite (que les Giscardiens me pardonnent la comparaison entre VGE et GWB...), mêmes attentes démesurées de ses électeurs, mêmes slogans sur le "changement", même élan ultra-étatiste (avec en point d'orgue une vague de nationalisations), même "ultra-relance" de la consommation, sous les hourras de pseudo-économistes dont les "modèles mathématiques" prévoyaient un "multiplicateur de la relance" pharamineux, et au final, un retournement brutal de l'opinion, sur fond de débâcle économique...
Mitterrand devra opérer dès 1983 un virage à 180 degrés avec un plan de "rigueur" (enfin, tout est relatif...) avec quelques mesures dont les moins jeunes se souviennent peut être: interdiction de voyager à l'étranger avec plus de 2000 francs (300 Euros !), blocage des magnétoscopes japonais dans des entrepôts des douanes de Poitiers, etc...
Le ridicule ne tuait plus, par contre, pendant les années Mitterrand, la négligence de l'état providence tuera 2000 hémophiles, le chômage franchira la barre des 3 millions, la corruption atteindra de tels sommets que pas moins de DEUX lois d'amnistie seront nécessaires pour éviter d'envoyer derrière les barreaux les deux tiers de la classe politique dirigeante, les soupes populaires referont leur apparition, le Front National sortira du relatif anonymat auquel sa nature groupusculaire le confinait alors pour devenir le cauchemar de la droite dite classique, la loi Quilliot réenclenchera un cycle de crise du logement, et j'en oublie... Malgré de misérables tentatives de redécoupage de circonscriptions et de changement à la hussarde des modalités du scrutin législatif, la gauche prendra en 1986 la même râclée de la droite que celle qu'elle lui avait infligée 5 ans plus tôt. Avantage que Jacques Chirac vendangera en deux ans.
On peut d'ores et déjà supposer qu'une succession de calamités du même tonneau attend l'Amérique de Barack Obama. Le premier mandat de celui qui devait incarner le "changement" démarre sous de fort mauvais auspices. Mais d'ici deux ans, le parti républicain, en déconfiture électorale et idéologique, pourra-t-il profiter du probable désenchantement de l'opinion américaine ? Rien n'est moins sûr.
En attendant, les années à venir s'annoncent sombres.
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Autres liens intéressants sur le Stimulus:
Walter Williams s'interroge sur la perte totale de valeur de la constitution américaine dont le vote du stimulus est le révélateur. Sur quelle assise le droit américain est il aujourd'hui fondé, puisque personne ne semble s'offusquer que depuis 80 ans, les dépenses votées violent la constitution de façon éhontée ?
Dan Mitchell, dans cette vidéo, se demande pourquoi les dépenses nouvelles d'Obama, qui ne sont que la poursuite, à une échelle encore élargie, des dépenses en dérapage incontrôlé de l'administration Bush, produiraient un meilleur effet.
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