J'ai les neurones qui commencent à ressembler à une réunion de parlementaires UMP. Si, si. Parfaitement. Comment osez-vous remettre en doute ma parole ? Cela ne se fait pas !
Primo, c'est un crime de lèse «Sa Suprême Légitimité». Deuzio, si moi je ne sais pas ce que c'est une réunion de parlementaires UMP, où va-t-on ?
Je vous le dis, ça part dans tous les sens, c'est totalement incontrôlable, ça fait un bruit assourdissant. Résultat : l'impression d'avoir son crane réduit en miettes, le sentiment d'un trou béant, énorme, au milieu du front, transpercé par une force démesurée, aspirant tout vers le néant.
Non. Je n'exagère pas, c'est bel et bien la description adéquate, le portrait exact, la formule idoine. Et je peux vous dire qu'en vocabulaire, je m'y connais. Heureusement d'ailleurs. Sinon comment ferais-je, pour habiller les réactions intempestives et calmer les attentes de plus en plus exacerbées et pressantes de mes affidés populistes, euh, pardon, populaires.
D'abord au sein du gouvernement. Le parler vrai de Lagarde et de Fillon sur la faillite et sur la rigueur.
Ensuite les parlementaires, ça fait 2 mandats chiraquiens qu'ils attendent .... Là, ils se disaient, ça y est. Avec Nicolas, c'est fini la droite timorée, hésitante, qui sursaute quand elle croise son ombre. Terminé la couardise droitière qui bat en retraite au premier manifestant sur le pavé. Plus de poltrons chez les réacs. On assume pleinement ses idées et on les met en acte.
Ils veulent l'affrontement frontal, ils sont pressés de voir la mise en oeuvre de l'entreprise de démolition du modèle social français. «Bon, c'est quand qu'on bouffe du fonctionnaire ?»
Je fais tout mon possible pour essayer de les calmer, de leur expliquer que ce n'est pas aussi simple, qu'on ne rentre pas dans la gueule des gens de plein fouet comme ça. Qu'on peut niquer les français mais que ça se passera mieux en y mettant un peu les formes quand même ... Qu'après ça on risque de ne plus m'aimer... Et ça, j'ai du mal, ça me bloque...
Mais rien n'y fait. Ils ne veulent rien comprendre. Cela ne fait pas 6 mois que je leur ai offert une retentissante victoire qu'ils n'espéraient plus, et déjà ils sont prêt à me brûler .... Ils en ont marre de devoir attendre encore, toujours plus, j'arrive pas à leur faire comprendre ma stratégie d'ouverture. C'est le détail qui les fait craquer. Devoir en plus supporter la consécration de gens de gauche, là, c'est plus possible. Besson, Kouchner, DSK, .... C'en est trop. C'est au bord de la nausée que je les emmène ....