En une scène de Bruce tout-puissant, un inconnu nommé Steve Carell parvenait à voler la vedette à Jim Carrey, dans le rôle d'un présentateur se mettant soudain à balbutier. Avec toujours beaucoup de suite dans les idées, Tom Shadyac et Steve Oedekerk se sont dit qu'une sorte de spin-off autour de son personnage d'Evan Baxter serait un carton assuré. Raté. Budget titanesque, box-office miteux : Evan tout-puissant souffre de la mégalomanie paresseuse des deux congénères. Très ambitieux sur le papier, le film n'est finalement qu'une bête chronique outrageusement religieuse, une comédie dont chaque gag aurait été remplacé par une phrase de l'Évangile.
Ce n'est pas l'échec des situations comiques qui navre, mais bel et bien l'absence total d'humour. Contre ce film tout plat, on aurait volontiers échangé une pelletée de gags ratés et de répliques foireuses. Mais non : trop concentré sur son projet pharaonique (l'air de rien, il s'agit de l'une des comédies les plus chères de l'histoire), Tom Shadyac oublie totalement qu'il a un public à régaler. Dans ces conditions, Steve Carell fait ce qu'il peut, mais ses grimaces outrancières ne sont que peu de chose. Trop sérieux dans le rôle d'un Noé new-age, désespéré et moqué par tous, il rendrait presque Evan tout-puissant complètement déprimant. C'est de toute façon le cas : plombé par un prosélytisme catho pour le moins insupportable, le film finit par mêler l'ennui et l'agacement. On attendait au minimum un divertissement sympathique : c'est à une initiation au cathéchisme qu'on assiste.
4/10