Or donc, elle est toute fiérote d’annoncer – à la télévision américaine, Fox business news, qui plus est ! - qu’elle prévoit une croissance supérieure aux derniers chiffres du FMI… Lagarde table sur un PIB 2009 au-dessus des prévisions du FMI (et de la Commission européenne). Le FMI envisage une contraction impor-tante de la croissance mondiale (0,5 %) – la plus forte depuis 60 ans ! - Selon leurs calculs, le PIB de la France devrait être en recul de 1,9 % (ou 1,8 % selon la Commission européenne) contre 0,5 % anticipés en novembre.
Pour l’instant, Christine Lagarde ne donne pas de chiffres… cela vaut peut-être mieux ! «Ma propre prévision, que j’annoncerai prochainement, est légèrement meilleure que celle-là»…
«Ma propre prévision»…
J’adore sa modestie ! Ce sont les calculs et les prévisions des services de Bercy… Eu égard au nombre d’âneries et de contre-vérités manifestes que Christine Lagarde nous a débitées depuis un an et demi, il m’étonnerait fort qu’elle ait quelque compétence de conjoncturiste…
Elle en est encore à lésiner sur l’emploi du mot «récession» – elle a peur «des mots qui font peur» ! – quand il semble plus qu’évident depuis déjà plusieurs mois qu’il faut d’ores et déjà envisager une «dépression» sans doute même plus importante que la pourtant «grande dépression» de 1929 !
En effet, l’ampleur de la crise tant par son impact sur l’économie réelle et toutes les retombées sociales - notamment le nombre plus qu’impressionnant de licenciements déjà intervenus autant qu’envisagés pour un avenir proche – que par son étendue à l’ensemble de la planète qui est un fait nouveau : merci la «globalisation» et la «mondialisation» des échanges ! sans oublier les trouvailles de la finance en folie : la «titrisation» censée limiter les risques les a au contraire disséminés à l’ensemble des places financières et des banques de la planète.
Or, en 1929 et dans les années 30, l’URSS – fermée sur elle-même – ne fut pas affectée, non plus que la Chine et le Japon, isolationnistes. L’Amérique Latine le fut essentiellement pour les productions d’exportation. Je me souviens avoir lu quand j’étudiai cette période qu’au Brésil l’on brûlait le café - qui ne trouvait plus de débouchés - dans les chaudières des locomotives…
Christine Lagarde ajoute : «Nous comptons fortement sur les ménages et la consommation. Jusque là, cela ne se présente pas trop mal»…
En ce qui concerne la consommation, le léger rebond constaté en janvier ne doit pas faire illusion : il est tiré par les soldes et l’on sait que les commerçants ont consenti des rabais très importants pour «déstocker» au maximum et j’entendais ce matin sur France-Info que la vague de froid de janvier avait favorisé les achats de doudounes et manteaux.
Vous y ajoutez la prime pour l’acquisition d’une voiture neuve, souvent assortie d’une réduction substantielle… Ce regain de consommation reste très fortement conjoncturel. Il m’étonnerait fort que cette hirondelle fasse le printemps.
Est-il d’ailleurs normal et souhaitable que la croissance repose sur la seule consommation ?
Cela fait des années que cela dure et que l’on nous bourre le mou en prétendant qu’il est nécessaire d’améliorer l’offre plutôt que la demande, ce qui est donc totalement contradictoire :
s’il n’y a pas assez de revenus pour absorber le surcroît d’offre et que l’on refuse toute mesure destinée à favoriser la demande – la consommation du plus grand nombre - par ex. par l’augmentation du Smic et des autres revenus tels les retraites qui ont été les plus négligées depuis plusieurs années, il est évident que le système se mord la queue, d’autant plus que la recherche de la compétitivité se traduit essentiellement soit par des baisses de salaires - ou travailler plus longtemps pour le même salaire - soit par des licenciements pour cause de délocalisation.
Il ne faut rien attendre des quelques mesurettes décidées par Nicolas Sarkozy dans l’impréparation la plus totale : le pilote navigue à vue et – vague après vague - écope les larges voies d’eau avec une cuiller à café.
De surcroît, comment la consommation pourrait-elle tirer la croissance ? Alors que malgré les mensonges éhontés de Luc Chatel qui ose prétendre – mais en se gardant bien de donner des chiffres ! - que les prix de la grande distribution baissent ! les associations de consommateurs – de même que les consommateurs qu’il faudrait peut-être arrêter de prendre pour des cons… – constatent exactement l’inverse, notamment sur les produits dits de «première nécessité» tels les pâtes et le riz. Sans oublier la viande et ce, en dépit du fait que les éleveurs gagnent toujours moins…
Qui bono ? Pas nous, pauvres cochons de payants.
SOURCES
“Dépression” : le lapsus de Gordon BrownLE MONDE | 05.02.09 ©
LEMONDE.FR | 28.01.09 ©
E 24
Pour le FMI, la croissance mondiale ne dépassera pas 0,5% en 2009
Le Figaro
Le FMI prévoit la plus faible croissance depuis 60 ans
Bruxelles prédit une récession sévère en Europe
Libération
Bruxelles prévoit une récession de 1,8% en France en 2009