Aujourd'hui c'est Mardi-gras et je me souviens vaguement que dans mon enfance nous avions l'habitude de nous déguiser, nous les enfants, puis de jeter des confettis. Je ne crois pas avoir été très friand de ce genre d'amusement, car il ne m'en reste qu'un seul souvenir et lui-même n'est-il encore présent dans ma mémoire que parce qu'il est immortalisé sur une de ces photographies d'époque en noir et blanc, aux bords dentelés. Je dois avoir sept ou huit ans, mignon gamin (si ! si !) aux boucles frisées, yeux rieurs et sourire éclatant, je suis déguisé en Davy Crockett avec la toque de fourrure, telle un chat crevé posé sur ma tête, ma sœur cadette à mes côtés, costumée elle en danseuse gitane, légèrement maquillée peut-être, dans une robe rouge à pois (?) avec des volants. Notre mère nous a amenés sur le boulevard Haussmann près des Grands Magasins comme on dit quand on ne veut pas privilégier une enseigne plus qu'une autre, où toutes les mamans leurs rejetons à la main se sont retrouvées pour le défilé de Mardi-gras, c'est ici que la photo a été prise par un photographe de rue, encore que mes souvenirs soient flous. L'image existe dans une boite à chaussures, archives familiales, trace tangible de la vérité oubliée. Certainement que la journée s'est terminée par une assiette de crêpes à la maison ou plus probablement, les crêpes nous les avions eues en début du mois pour la Chandeleur, par des beignets ou pets-de-nonne, car j'imagine mal une journée de fête sans gâteaux ou pâtisseries amoureusement préparés par ma mère, qui plus est si le mardi est gras.