Ressuscite, Seigneur, Que l'homme ne joue pas au plus fort ! Psaume 9, 20.
Paradoxe révélateur du particularisme américain qui tend à s'étendre au monde dans son ensemble : parution parallèle du nouveau livre de Dawkins, chantre imperturbable du néo-darwinisme, Pour en finir avec Dieu et d'un curieux ouvrage intitulé The Shack, « La Cabane ». Ouvrage publié à compte d'auteur et qui avait déjà, il y a peu, atteint les deux millions d'exemplaires vendus dont l'Auteur, un certain William P. Young, se revendique d'un christianisme plutôt « progressiste », si tant est que cela signifie réellement quelque chose.
Le résumé du livre présente les choses à peu près comme ceci : un dénommé Mack rencontre Dieu dans une remise. Surprise, c'est une grosse femme noire, appelée « Papa ». La suite est à l'encan, et Jésus apparaît petit et moche et l'Esprit Saint est ... chinois !
Notre Auteur entend ainsi, par la fiction, appuyer ses convictions personnelles : « Je crois que religion et relation à Dieu s'opposent » nous apprend-t-il. De même, Dieu, s'adressant à son personnage lui explique doctement que lui apparaître sous la forme d'un grand-père blanc à longue barbe n'aurait eu pour effet que de renforcer ses « stéréotypes religieux ». Nul doute, que le plus grand nombre ne trouvera rien à redire là-dedans, tant les chrétiens se sont majoritairement convaincus que, pour vivre avec leur temps, il est nécessaire de rompre avec les « Dogmes » et le dogmatisme. Vouloir combattre les stéréotypes, rien ne nous ferait plus plaisir, seulement, n'est-ce pas, encore une fois « mettre la charrue avant les boeufs » ? Tous ceux qui entendent mener ce grand et noble (semble-t-il) combat sont-ils réellement prêts et capables à vivre sans « stéréotypes » ? Verront-ils également d'un bon oeil qu'on leur propose ensuite, afin d'être réellement conséquents de combattre les stéréotypes scientifiques, sociaux, psychologiques, politiques, moraux et, il faudra bien s'y mettre aussi écologiques puis génétiques ? Ce n'est qu'une question innocente, bien sûr !
Et puis non, tiens ! Mettons-nous y, « a-bas » les stéréotypes, ce n'est pas du tout innocent ! Derrière l'apparente opposition nous verrions donc une collusion entre les déterministes darwinistes et les chrétiens « libérés » adogmatiques ? Avouons-le : oui ! Pour l'exemple, qui parmi eux s'attaquera aux dogmes et stéréotypes des droits de l'homme ?
Dawkins, lui, s'en prend aux parents qui « inculquent » leurs croyances à leurs enfants ! Au nom de quoi ? De la science, de la vérité scientifique semble-t-il ... Mais par quelle manipulation plus ou moins frauduleuse fait on de la science une morale, une éthique également valable pour tous ? Ainsi, armé de cette morale scientifique libératrice fondée sur la seule raison matérialiste et rationalisée il souhaite, en philanthrope, faire le bonheur du genre humain en l'affranchissant de toute idée supranaturelle ou irrationnelle; même et surtout ceux qui ne lui ont rien demandé, surtout ceux-là d'ailleurs, pauvres hères prisonniers de leur ignorante et crasse superstition.
Certes, l'argument pourrait nous être retournés : qui donc a demandé au Christ de nous sauver et de nous libérer ? Et qui a demandé à Dieu de nous créer pour nous plonger ensuite dans le cul de basse fosse de la matière et de l'histoire pataugeant coincés entre grâce et péché, livrés à la mort ? D'une part, s'imaginer que les croyants ne se posent pas ces questions, presque quotidiennement, c'est faire preuve d'une ignorance vraiment crasse, pour le coup, de l'âme humaine -comme quoi on peut être un expert en neuro-science, en biologie molléculaire, un as de l'évolutionnisme et un parfait gougnafier pour ce qui concerne la personne humaine véritable, d'autre part, ces questions torturantes trouvent leurs réponses précisément dans l'approfondissement de la foi, approfondissement indissociable de celui des dogmes et de l'Ecriture, en particulier à la lumière des saints Pères et surtout de la prière (donc de l'Esprit). La foi est un mystère, que Mister Dawkins, se rassure les parents n'usent que rarement des progrès de la science ou de la technique de l'hypnose pour transmettre les données de la foi à leur enfants et la liberté humaine est respectée, bien plus je le pense que dans les programmes de rééducation rationaliste que pourraient vouloir mettre en place certains ...
W.P Young, quand à lui, ajoute encore ceci : « Dieu c'est la relation aux autres. » Fort bien, rien de faux dans cette assertion, et nul doute que Mister Dawkins devrait mettre un peu de Dieu dans les siennes, mais, n'est-ce pas là le début d'un affreux dogmatisme ? En outre, si cela est vrai, il est, néanmoins, impossible de réduire Dieu à cette relation. Sans l'incompréhension foncière des modernes face aux dogmes nous n'en serions pas là. Les dogmes comme balises théognosiques, comme conseils de sagesse et de vérité, comme expressions réalistes et symboliques (dans le sens de symbalein, « qui rassemble »), comme corps sanctifiant de la Parole de vérité, non comme les commandements absurdes et rigides d'un sous-off psycho-rigide. Les fondamentalistes de tous bords et de tous poils sont des idéalistes, leurs ennemis aussi, par ailleurs. Les dogmes ressortissent à l'économie du salut. Dans toutes relations un certains nombres de codes ou de conventions sont nécessaires, les dogmes sont cela et bien plus, encore faut-il admettre, donc ne pas sombrer dans l'hypermatérialisme rationaliste, la vérité de leur origine à la fois humaine -apostolique- et divine -pneumatique-; les premières formulations ayant toujours eu cette forme « nous et l'Esprit Saint ». Rejeter, avec l'historicisme scientifique, cette vérité n'est-ce pas un blasphème contre l'Esprit ? Pire que celui qui consiste à le matérialiser, à l'incarner sous la forme d'un chinois ? Il ne nous appartient pas d'en juger.
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